Page 45 - monseigneur
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mère faisait nos chapeaux à notre tête. Nous entourions la
calotte avec un ruban ou un morceau de tissu d'indienne (co-
ton imprimé), semblable aux gorgettes qui retenaient nos cha-
peaux. Il yen avait de très jolis. Aujourd'hui, on se fait bron-
zer, mais ce n'était pas la mode, dans mon jeune temps, d'être
noires comme des sauvagesses ! Nous conservions notre teint
blanc, et puis, passer la journée au soleil dans les champs, ce
n'était pas à recommander!
Dans mon jeune temps, les femmes âgées, les «vieilles »,
étaient toutes habillées de la même manière: une jupe et un
mantelet. Le dimanche, le mantelet était plus élaboré. On di-
sait alors: une matinée! Les jeunes en possédaient de jolies,
avec dentelles et frisons. À propos de frisons, les jeunes filles
qui n'étaient pas très avantagées du buste se faisaient des
cache-corsets, garnis de plusieurs rangées de frisons; ça aidait
beaucoup pour l'apparence! Les jupes allaient à la cheville.
C'était la mode dès l'âge de seize ans.
Nous avions une modiste dans le rang, une Laferté (Be-
deau). Elle cousait bien; c'est elle qui faisait nos toilettes,
avant que ma soeur apprenne à coudre. Ma mère nous habil-
lait, quand nous étions jeunes, mais elle n'ajamais eu le temps
de développer son talent de couturière; elle avait beaucoup
trop de travail plus pressant.
Les voisins des Lagotte, des familles de Pinard, étaient
habitants aussi et musiciens; ils jouaient surtout de l'accor-
déon. Il y avait une fille de mon âge et des garçons de l'âge de
mes frères. Mais, tout en nous rencontrant tous les jours, nous
ne pouvions pas dire que c'était des amis; des voisins, tout
simplement. Après les Pinard, il y avait une famille de Gre-
nier, que nous appelions Garçon Grenier, puis d'autres Lagot-
te, un peu parents avec nos voisins. Ensuite, les Pierre (José)
Desmarais. Je ne me rappelle pas le père. Mme Pierre José
(nous l'appelions ainsi) était une grande femme, très aimable;
je pense qu'elle faisait des journées (ménages) pour entretenir
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