Page 40 - monseigneur
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Chapitre 3


                                   Les rangs et leurs habitants








                                   Le Petit Chenail qui s'était éloigné du chemin à partir
                               d'une traverse, près de chez nous, nous avait laissé un grand
                               bas de côte et revenait ensuite au bord du chemin, un tout petit
                               bout. Il retournait faire un autre grand détour, ce qui laissait
                               beaucoup de terrain à droite du chemin pour plusieurs empla-
                               cements. Des habitants avaient leurs maisons là et leurs terres
                               étaient de l'autre côté du chemin. Et puis les journaliers (ceux
                               qui travaillaient un peu partout « à la journée »), pêcheurs et
                               chasseurs avaient leurs maisons là aussi. Ces chasseurs éle-
                               vaient des canards pour la chasse et vivaient de pêche. Le der-
                               nier habitant qui avait sa maison sur ce terrain s'appelait Pier-
                               re (Charlie) Chapdelaine. Comme le Petit Chenail était
                               revenu près de chez ce dernier et du chemin, les maisons
                               suivantes étaient bâties à gauche, sur leurs terres. Ce vieux
                               Pierre Charlie s'est noyé dans le Petit Chenail qui longeait ses
                               bâtiments. On ne sait comment c'est arrivé, personne n'était
                               avec lui.
                                   La dernière maison à droite appartenait à l'oncle de mon
                               mari, Napoléon Bibeau, qui était pêcheur et chasseur aussi.
                               Le Petit Chenail tournait là et continuait jusqu'à la baie La-
                               vallière. À gauche du chemin, en face de la maison de l'oncle
                               (il n'était pas encore mon oncle), c'était la maison du frère de
                               ma tante, l'oncle Benjamin Lachapelle. La grand-mère de
                               mon mari demeurait là, chez son fils. La maison suivante
                               appartenait à Bongusse (Abondius) Desmarais, un habitant à
                               l'aise. Ensuite, c'était Ludger Joyal (dit Saint-Quentin) et les


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