Page 35 - monseigneur
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chaîne (en coton) dans les lames. Nous aidions à donner les
                                 brins, et ma mère ou na grand-mère se passait les doigts à tra-
                                 vers ces cordes de lames entrecroisées et tirait sur le brin.
                                 Ensuite, il fallait faire la même chose dans le ros. Ça, c'était
                                 plus facile. Le ros étë.it composé d'une série de petites lames
                                 flexibles, et, avec un petit crochet, nous allions chercher le
                                 brin. Le tout était attaché par poignées et ces poignées atta··
                                 chées elles-mêmes après le rouleau du commencement, qui
                                 avait une manivelle. À mesure que le travail avançait, nOU5
                                 donnions un demi-tour ou un tour de manivelle et la pièce s'en
                                 allait en arrière s'enrouler sur l'autre rouleau. Ma mère
                                 actionnait le tout avec des pédales. Deux pour une pièce
                                 simple et quatre pour une double. La navette se faisait aller
                                 entre les fils de la ct.aîne et le ros pressait le tout.
                                    Pour les catalognes, ça se faisait plutôt à la main. Je n'ai
                                 jamais pu apprendre ça et je n'aurais pas aimé l'ouvrage d'ha-
                                 bitant! Ma soeur Stéphanie en a marié un et elle était très
                                 habile pour tous ces travaux. Tout ça embarrassait beaucoup
                                 la maison et nous étions tous bien contents quand c'était ter-
                                 miné. Puis, après les fêtes, c'était la confection des couvre-
                                 pieds (courtepointes) et le piquage à la main. Pour ça, les voi·
                                 sines venaient nous aider. Nous appelions ça des courvées
                                 (corvées). Les femmes étaient heureuses de se rencontrer et ça
                                 commérait un bon coup! Nous en apprenions, des nouvelles!
                                 Tout le monde se connaissait à la cam pagne, dans ce temps-là.
                                 Il était bien difficile de garder nos problèmes cachés. Les
                                 bavardes étaient connues. Nous faisions plus attention à nos
                                 pariages (conversations).
                                    Quant au lavage, il se faisait à la planche, à la main. Cela
                                 donnait d'assez bons résultats. On faisait tremper le linge dans
                                 le Jessi (résidus du sê.von). On échaudait ce lessi ; ça rempla-
                                 çait l'eau de javel. Le lavage se faisait dehors, l'été, même
                                 quand plus tard on a eu un moulin à laver. Nous en avons eu
                                 un assez tôt: un moulin berçant, avec deux poignées de


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