Page 131 - monseigneur
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que je n'ai pas connu. Elle était aussi la tante de Mgr Cour-
                                  chesne, futur évêque de Rimouski. Dans le temps, il était au
                                  Séminaire de Nicolet, comme professeur. Dans les vacances,
                                  qu'il venait passer chez sa tante, mon frère, alors étudiant au
                                  séminaire, allait lui servir sa messe, qu'il disait à l'île voisine
                                  (île Notre-Dame). Après la messe, il revenait souvent avec
                                  mon frère; ma mère leur servait le déjeuner dans la grand-
                                  maison. C'est ainsi que nous l'avons bien connu. On ne pou-
                                  vait trouver homme plus sympathique; ma mère aimait bien
                                  le recevoir et il se plaisait à parler avec nous.
                                      Le plus âgé de mes élèves, Joseph Sarrasin, avait douze
                                  ans. Sa grand-mère, la bonne femme Sylvestre, est venue me
                                  prévenir qu'il était malcommode, un peu dur à cuire. J'étais
                                  peureuse, mais pour l'enseignement, comme j'aimais ça,
                                  j'aimais aussi ne pas m'en laisser imposer. J'ai dit à la
                                  grand-mère: «Ne craignez rien, ça va bien aller. »En effet,
                                  j'ai fait confiance à mon Jos. Il était intelligent et ça n'a pas
                                  été difficile de m'en faire un ami. Il apprenait bien et pouvait
                                  tout faire pour moi. Des autres élèves, il y avait deux filles
                                  Despins, dont une était très jolie et intelligente. L'autre était
                                  moins douée mais c'était du bon monde. Le jeune Despins
                                  était joli garçon et doux comme une fille. Les deux nièces de
                                  ma belle-soeur étaient rieuses et douées aussi pour les études.
                                  Ma première année a été un succès. L'année suivante (j'ai
                                  honte de l'écrire), j'aimais un peu trop à lire... et mes succès
                                  n'ont pas été aussi satisfaisants. Les années suivantes, pendant
                                  deux ans et demi, j'ai remplacé ma belle-soeur au Petit Che-
                                  nai!. L'école, qui était rebâtie à gauche de chez ma soeur,
                                  avait deux étages. Les grands en bas et les petits en haut. Une
                                  MUe Robidas du village enseignait aux petits. J'ai eu toutes
                                  sortes d'enfants dans ma classe. Des Yerville du bout du rang,
                                  des gars de talent, dont Marcel, qui apprenait bien, avait les
                                  yeux clairs et était turbulent. Le plus jeune Verville a fait son
                                  cours à Nicolet et est franciscain. Ce jeune Verville était


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