Page 128 - monseigneur
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rousse très jolie aussi, et une Mlle Genest. Celle-ci n'était
                               point belle ;je crois qu'elle venait de Hull. Il y avait aussi trois
                               Abénakises: deux soeurs Masta et Irène Portneuf, une fille
                               assez jolie, gentille et très bien habillée, car nous n'avions pas
                               de costumes comme les élèves des soeurs de l'Assomption à
                               Pierreville. Cette Irène Portneuf était la fille du chef abéna-
                               kis. J'ai connu des Mlles Nolet au couvent des Abénakis, où
                               nous allions assister à leurs séances.
                                   Mon frère, qui est allé au Séminaire de Nicolet, a connu
                               le père de Jean-Paul Nolet, l'annonceur de la radio et de la
                               télévision. Je viens de voir sur le journal qu'il est décédé à 88
                               ans. Au couvent, il y avait deux pensionnaires spéciaux: une
                               grande Anglaise, qui avait sa chambre et était en pension, et
                               un homme, un Yerville, une espèce d'ermite. Lui aussi avait
                               sa chambre, allait à la messe tous les matins et devait prier
                               toute la journée, car nous le voyions peu. Il n'y avait pas de
                               discrimination au couvent, mais naturellement, les filles
                               d'habitants se groupaient plutôt ensemble; ainsi, à l'excep-
                               tion de quelques filles du village à qui nous parlions, nous
                               évitions les autres, ou peut-être que ce sont elles qui ne cher-
                               chaient pas notre compagnie! En tous les cas, il n'y a jamais
                               eu de heurts; la supérieure avait son monde bien en main.
                               Ces soeurs grises étaient de bonnes enseignantes.
                                   Durant ce temps, je faisais mes deux années de couvent et
                               à seize ans, j'avais un diplôme élémentaire qui me permettait
                               d'enseigner! J'avais évolué un peu. La gêne me barrait tou-
                               jours; cependant, je faisais mon possible pour m'en débarras-
                               ser de temps en temps. Durant les vacances, mon frère
                               Cyrille avait trois amis qui venaient passer quelques jours à
                               la maison: Donat Martel, un bon chanteur, Aimé Chassé et
                               Antoine Melançon. Ma belle-soeur (pas encore), qui était
                               revenue d'Ottawa diplômée et qui enseignait, se joignait à
                               nous et nous faisions des veillées de danses et de chants! Pour
                               les danses, il nous manquait une fille; alors, nous entourions


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