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72 LA COLONISATION DANS QUEBEC
il ne serait tenu aucun compte des certificats de désertion Il ne paraît
pas, d~après les documents de l'époque, qu'il soit passé en Canada un
grand nombre d'engagés, d'autant plus que les capitaines furent bientôt
autorisés à transporter à leur place des soldats et des prisonniers.
Les soldats sont envoyés pour combler les vides des 28 compagnies
que le roi entretient dans la colonie. On commence par en expédier 100
en 1721, (1); en 1727, le minist~e écrit (2) qu'il envoie une recrue de
100 hommes, il continuera à en envoyer autant chaque année. L'année
suivante il est grandement surpris d'apprendre, par une lettre de Beau-
harnois et de Hocquart (3), qu'il manque encore 127 hommes pour com-
pléter les compagnies, malgré les cent recrues envoyées annuellement.
Le gouverneur et l'intendant s'expliquent: les invalides qu'il
faut envoyer à l'hôpital, les morts, les déserteurs, enfin ceux qui ob-
tiennent des congés pour s'établir, dépassent en nombre les recrues
envoyées chaque année pour les remplacer". (4). Le roi oblige le gou-
verneur à licencier les soldats qui désirent se faire habitants et se
marient, mais on ne doit cependant pas les marier sans la permission
du gouverneur général; Mgr de St-Vallier,qui a des raisons valables, passe
outre la défense et accorde des dispenses aux soldats qui se présentent
et même il marie à l'insu du gouverneur son propre neveu, le sieur de
Lantagnac. De là, de longues récriminations de la part de M. de
Vaudreuil; le conseil de marine donne tort à J'évêque (5). Mais bientôt
les choses s'arrangent, les successeurs de Vaudreuil, Beauharnois, la
Galissonnière, la Jonquière sont moins exigeants; les soldats se marient
et s'établissent en bon nombre.
Pourtant, il faut tenir autant que possible l'effectif normal des
troupes et comme les recrues ne se trouvent pas facilement on imagine
de faire passer en Canada, chaque printemps, un certain nombre de pri-
sonniers qui seront incorporés dans les compagnies régulières.
Ces prisonniers sont de diverses provenances. Les premiers expé-
diés sont des jeunes gens de condition enfermés pour libertinage (6),
mais on ne tarde pas à s'apercevoir que c'est là une marchandise fort
embarrassante; débarqués à Québec, ces jeunes criminels refusent de
signer un engagement sous prétexte qu'ils sont de condition noble (7).
Bien plus, n'ayant aucun moyen de subsistance, peu accoutumés au
travail, ils se répandent dans les campagnes, "font des vols et des larcins
attrapent les personnes qui, par pitié, leur fournissent leurs besoins par
les avances qu'ils leur font" (8).
L'évêque unit ses protestations à celles du gouverneur et de l'inten-
dapt, à la fin le comte de Maurepas désarme: il écrit en 1734 à un
M. Pelletier, de Beaupré (9), que "les désordres commis par les jeunes
(l)-A. C. Reg. Dép. Canada. Vol. 44, fol. 535Y2.
(2)-29 avril 1727, A. C. Reg. Dep. Cano Vol. 50, fol. 512Y2.
l3)-1l mai 1728, A.C.C.G. Cano Vol. 50. fol. 457.
(4)-25 octobre, 1729, A.C.C.G., Canada, Vol. 51, fol. 78.
(5)-Délibération du conseil de Marine, 2 décembre 1721, A.C.C.G., Canada, Série C. Vol. 43,
fol. 320.
(6)-Le comte de Maurepas, à Hocquart, 2 mai 1729, A. C., Rég. Dép. Vol. 53, fol. 548Y2.
(7)-Beauharnois et Hocquart au ministre, 25 oct. 1729. A.C.C.G., Série C. Vol. 51.
(S)-Beauharnois et Hocquart au ministre, 15 oct. 1730,A.C.C.G., Série C. Vol. 52.
(9)-6 juil, 1734. Reg. Dép. Vol. 60, fol. 57.