Page 88 - La Généalogie retrouver ses ancêtres
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SOUS LA DOMINATION FRANÇAISE 73
libertins qui furent envoyés aux colonies ont décidé le roi à n'en plus
-envoyer" .
On les remplaça par des contrebandiers, des braconniers, des
faux sauniers surtout. Le premier contingent est envoyé en 1730
(1). Ils donnent satisfaction. Beauharnois (2) et Hocquart écrivent
au ministre qu'ils se sont tous trouvés gens de bons services et réussissent
parfaitement; il faut en envoyer d'autres. Jusqu'à Monseigneur Dosquet
qui demande des faux sauniers pour mettre sur sa propriété de Samos
(3). En récompense de leur bonne volonté on les place chez les habi-
tants, on leur permet de s'établir et même de faire venir leur famille.
En somme, ces prisonniers ne sont pas de si mauvaises gens. "On
peut avoir fraudé les droits du roi et garder des habitudes laborieuses.
On n'est pas un criminel pour avoir tué ou pris au collet le gibier d'un
grand seigneur" (4). Chaque printemps il en débarque en moyenne
une cinquantaine, jusqu'en 1743. MM. de Beauharnois et Hocquart
ayant fait remarquer au ministre (5), cette même année, qu'ils avaient.
beaucoup de difficulté à placer ces faux sauniers envoyés de France,
cette pratique tomba peu à peu en désuétude et semble avoir été complè-
tement abandonnée après 1749.
Les Anglais eux-mêmes fournissent quelques sujets à la Nouvelle-
France. Les uns sont des prisonniers de guerre que les Canadiens
amènent avec eux au retour de leurs expéditions dans la Nouvelle-Angle-
terre; ce sont surtout des jeunes gens, des jeunes filles, qui se trouvent
si bien traités qu'ils consentent à demeurer au pays après avoir obtenu
des lettres de naturalisation. Il y a parmi eux des Mills, des Warren,
des Smith, des Weber, les ancêtres de ces familles canadiennes qui n'ont
d'anglais aujourd'hui que le nom (6). Mgr de Saint-Vallier se plaint
au roi que plusieurs sont dans la misère et celui-ci leur alloue la somme
·de 2000 livres qui leur sera distribuée annuellement (7).
D'autres sont des commerçants établis à Montréal surtout; on n'est
pas absolument sûr de leurs intentions et, en 1728, le roi approuve le
gouverneur et l'intendant d'avoir chassé de Montréal les Anglais qui
s'y étaient établis sous le prétexte de confectionner des chapeaux, en
réalité pour y faire la fraude (8). Il est vrai qu'en même temps on
accorde des lettres de naturalisation à ceux qui demandent des terres
et s'engagent à les faire valoir (9).
En 1748, le comte de Maurepas écrivant à M. de la Galissonnière
et Hocquart, leur marque qu'il ne voit pas d'inconvénients à ce qu'on
permette aux Irlandais catholiques conduits comme prisonniers au
(I)-Le comte de Maurepas à M. de Beauharnais, 28 mars 1730, A. C. Reg. Dep. Série B.,
Vol. 54, fol. 407.
(2)-14 oct. 1731, A.C.C.G., Vol. 54, fol. 77.
(3)-14 oct. 1731, A.C.C.G., Vol. 56, fol. 200.
(4)-Salone, Col. de la N.-F., p. 348.
(5)-14 oct. 1743, A.C.C.G. Vol. 79.
(6)-Mgr Tanguay. Dictionnaire généalogique, Vol. J, p. 8.
(7)-Le comte de Pontchartrain à l'Evêque de Québec, 1er avril 1702, A. C., Reg. Dep. Vol. 23,
fol. 27.
(8)-14 mai 1728. A. C. Reg. Dép. Vol. 52, fol. 50372'
(9)-Le comte de Maurepas à l'intendant Dupuy, 4 mai 1728, A. C. C.G., Vol. 50, fol. 452.