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SOUS LA DOMINATION FRANÇAISE                          29

         M. d'Avaugour, qùi venait remplacer M. d'Argenson comme gou-
     verneur, comprit en débarquant à Québec (3D avril 1661), que l'envoi
     seul d'un fort contingent de troupes pouvait sauver la colonie vouée à
     une destruction imminente.    Il adressa au roi un pressant mémoire,
     implorant son secours immédiat (1).
         De leur côté, les habitants du pays députèrent Pierre Boucher,
    ancien gouverneur des Trois-Rivières, pour porter leurs représentations
     au roi.  Louis XIV écouta M. Boucher avec une curiosité sympathique.
     Il l'interrogea longuement sur les ressources de la colonie, sur la qualité
     des terres, sur le nombre des habitants et la quantité des enfants.
         , Ce fut un des points, écrit la Mère de l'Incarnation, sur lesquels
    le roi questionna le plus M. Boucher, savoir si le pays était fécond en
     enfants. ·11 l'est en effet, et cela est étonnant de voir le grand nombre
     d'enfants très beaux et bien faits, sans aucune difformité corporelle, si
     ce n'est que par accident" (2).
         A la demande du roi, M. Boucher écrivit un petit livre où il donne un
     aperçu absolument vrai de la Nouvelle-France (3),      Le 6 novembre
     1662, il ébit de ret'our à Québec.  Il avait quitté la France, emmenant
    avec lui cent soldats et environ 300 colons, (4) qu'il avait lui-même
    recrutés en partie dans le Poitou.   Malheureusement 33 de ces colons
     étaient morts pendant la traversée (5).

                   Révocation M la compagnie des Cent-Associés.

         Louis XIV venait de conclure la paix avec l'Espagne.     Il va pren-
     dre en mains le gouvernement de la Nouvelle-France, avec Colbert
    comme secrétaire d'Etat à la Marine.   Cette décision entraine la retraite
    des Cent-Associés et par là même, celle de la compagnie de Rouen et du
    syndiflat des Habitants.  Le 23 février 1663, les Cent-Associés remettent
    la Nouvelle-France au roi.    Le roi en reprenant le gouvernement d'rect
    du Canada, y crée un conseil souverain, composé du gouverneur, de l'évê-
    que, d'un procureur général et de cinq conseillers; il nomme en même
    temps un intendant chargé spécialement de la justice, de la police et des
    finances, le sieur Robert, qui ne vint cependant pas au pays.
         Le chevalier Augustin Saffray, de .Mésy, qui venait remplacer M.
    d'Avaugour, débarque à Québec, le 15 septembre 1663.      Sur trois cents
    immigrants qui s'étaient embarqués avec lui à la Rochelle, 60 moururent
    durant la traversée, et 75 restèrent à Terre-Ncuve; il n'en parvint que
    159 à Québec.   De ce nombre étaient 35 jeunes filles (6).
         Ces envois malgré leur médiocre résultat, ramenèrent l'espoir dans le
    pays.   On sentait qu'une ère nouvelle allait commencer.


         (1)-lVI6moire de ce qui serait i1 faire pour sc fortifier contre les insultes des Iroquois en Canada
    A. C. C. G., Vol. 2, fol. 45.
         (2)-Lettres de la Mère de l'Incarnation, Richaudau, Vol. II, p. 225.
         (3)-Hist. Véritable et naturelle des mœurs et production du pays de la Nouvelle-France ou
    également dite le C'1llada.  A Paris, chez Florentin Lambert. M.D.C.L.X.I.V.
         (4)-Faillon, Hist.. de la Colonie franç.aise II, p, 499.
         (5)-Lettres de la Mère de l'Inearnat.ion.  Richaudau, II p. 223.
         (5)-Jugements et délibérations du Conseil Souverain I, pp. 201-203.
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