Page 46 - La Généalogie retrouver ses ancêtres
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SOUS LA DOMINATION FRANÇAISE 31
L'intendant Talon.'
En même temps Louis XIV chargea un vieux gentilhomme, Alexan-
dre de Prouville, marquis de Tracy, qu'il nomma vice-roi de l'Amérique,
de se rendre au Canada pour y rétablir la paix et l'union entre les chefs
et réduire les Iroquois. Daniel Rémy sieur de Courcelles, fut choisi
pour remplacer comme gouverneur général, le sieur de Mésy (1665),
et Jean Talon fut nommé intendant de la Nouvelle-France, (23 mars
1665). Plusieurs régiments de soldats reçurent l'ordre de s'embarquer
pour le Canada.
Le 19 juin 1665, quatre compagnies du régiment de Carignan-
Salières arrivent à Québec, (1). Le 30, c'est le vice-roi, le marquis de
Tracy, qui débarque avec quatre nouvelles compagnies (2). "Les na-
vires ne débarquent pas seulement des soldats ; ils amènent aussi des
colons, des filles à marier, des artisans (3), ils apportent des armes, des
munitions, des provisions, des animaux domestiques. A chaque nou-
veau bâtiment qui entre en rade, c'est une nouvelle explosion de joie.
Le 16 juillet (4), grande sensation à Québec, on a débarqué douze che-
vaux; la population québecoise, qui n'en a point vu depuis le cheval
solitaire de M. de Montmagny (1647), admire ces nobles bêtes et les
sauvages contemplent avec étonnement ces "orignaux de France"
,i dociles à la voix de l'homme. . . . . . .. Et tout l'été cela se continue.
Le 12 septembre le "St-Sébastien" portant les sieurs de Courcelles et
Talon mouille devant Québec, suivi deux jours après de la "Justice",
portant huit compagnies de soldats Au résumé, la colonie se
voyait fortifiée de quatre ou cinq cents colons, artisans ou journaliers.
Une petite armée de douze ou treize cents hommes d'élite lui promet-
tait une sécurité inconnue depuis vingt ans. La présence des trois
éminents fonctionnaires, MM. de Tracy, de Courcelles et Talon mettait
le comble à la joie générale" (5).
Il fallait d'abord arrêter les incursions des sauvages Iroquois.
Tracy fit bâtir trois forts sur la rivière Richelieu, l'un à Sorel, l'autre
à Chambly et un troisième appelé Ste-Thérèse, à trois lieues plus haut.
Un autre poste fut établi, l'année suivante, à St -Anne, dans l'île La-
motte, à l'entrée du lac Champlain (6).
A l'automne de 1665, trois cantons Iroquois demandèrent la paix.
Pour réduire les Agniers et les Onneyouts, Courcelles entreprit dans
l'hiver de 1666, une campagne qui se termina presque par un désastre.
Tracy résolut d'en finir avec ces barbares; à la tête de treize cents
hommes il se rendit, dans l'été de 1666, jusqu'au centre de leurs bour-
gades .qu'il réduisit en cendres.
Les chefs Agniers et Onneyouts signèrent alors la paix qui devait
assurer dix-sept années de tranquillité à la Nouvelle-France.
(1)-Relation des Jésuites, 1665, p. 25.
(2)-Id. p. 35.
(3)-Journal des Jésuites, 2 Octobre, p. 335.
(4)-Idem, p. 332.
(5)-Jean-Talon, M. Chapais, pp. 63-64.
(6)-Garneau, 5ème Edit. pp. 245-246.