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100            LA COLONISATION DANS QU~BEC

             de soldats français du régiment Royal-Roussillon se marient après la
             conquête dans la paroisse de Verchères. (1).
                 Un élément. nouveau s'ajoute à la population; ce sont les émigrés
             acadiens qui lors de l'invasion de leur malheureux pays, parvinrent à
             s'échapper et se refugièrent en Canada où ils fondèrent les paroisses de
             l'Acadie et de St-Jacques-de-l'Achigan; d'autres s'établirent par petits
             groupes sur la rive nord de la Baie-des-Chaleurs, dans les seigneuries
             de Nicolet et de Bécancourt; plusieurs restèrent à Québec, enfin quelques
             familles se rendirent dans la nouvelle paroisse de St-Charles-de-Ia-
             rivière-Boyer (2).
                 Malheureusement ces pauvres Acadiens déjà si cruellement éprouvés
             souffrirent toutes les horreurs de la famine en arrivant au Canada; un
             grand nombre de ceux refugiés à Québec principalement, moururent des
             souffrances causées par le froid et la misère durant l'hiver 1758-1759 (3) ..
                 L'année précédente la petite vérole avait fait parmi eux au-delà de
             300 victimes.
                 Est-il possible en tenant compte de la diminution causée par les vic-
             times de la guerre, des épidémies, de fixer d'une manière approximative,
             le chiffre de la population canadienne au lendemain de la conquête?
                  En l'absence de tout document positif, nous avons les tables des
             naissances et des décès qui donnent pour les années comprises entre
             1755 et 1760 un excédent de 4,540 âmes (4).        Si nous ajoutons au
             chiffre de 55,009, total de la population en 1755, ce dernier chiffre, celui
             des 1500 Acadiens qui échappent aux proscriptions et à la mort, et des
             550 soldats des régiments français qui sont définitivement acclimatés,
             nous arrivons à un total de 62,000 âmes pour l'année 1760.
                 Malgré le départ pour la France, des fonctionnaires, d'un certain
             nombre de négociants, de quelques familles nobles, (5) on peut affirmer
             que trois ans plus tard, en 1763, lors de la cession définitive du Canada
             à la Grande-Bretagne, 65,000 canadiens deviennent sujets britanniques.
                 C'est le paysan, l'habitant, le laboureur qui reste irrévocablement
             attaché au sol.  Il garde avec lui ses seigneurs, ses nobles ruinés mais non
             découragés; il garde ses prêtres qui lui prêcheront la soumission au
             vainqueur, mais veilleront avec un soin jaloux à la conservation de sa lan-
             gue, de sa religion et de ses droits.
                 Ils appartiennent à une "race forte et pleine de santé", ces paysans
             que Murray admire, qu'il trouve "vertueux dans leurs mœurs et tempé-
             rants dans leur genre de vie".   Convaincus qu'ils n'ont pas à craindre
             la déportation et qu'ils jouiront du libre exercice de leur religion, "ils
             deviendront de bons et fidèles sujets de Sa Majesté et le pays qu'ils
                  (1)-A travers les régistres, p. 179.
                  (2)-Les familles Arsenault et Aubé de St-Gervais, descendent de ces Acadiens refugiés à St-
             Charles.
                  (3)---':'Dans les années 1757-1758 les souffrances de toutes sortes qu'ont endurées les Acadiens
             refugiés ont occasionné une mortalité considérable à Québec.-La mortalité dans la paroisse de St-
             Charles-de-la-Rivière-Boyer atteint cette année le chiffre énorme de 90 victimes.  L'arrivée en grand
             nombre de familles acadiennes en est la cause.-Régistres de St-Charles, Mgr. Tanguay.  A travers les
             régistrcs pp. 166-167.
                  (4)-Mgr Tanguay.  A travers les régistres, p. 170.
                  (5) L'hon. Juge Baby a refuté dans un beau travail; "l'Exode des classes dirigeantes à la Cession
             du Canada", l'opinion généralement reçue du départ en masse pour la France des familles bourgeoises·.
             et des familles nobles après la conquête.
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