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SOUS LA DOMINATION FRANÇAISE                          97

   tous les abus, en nommer les auteurs,         indiquer les moyens d'y
   remédier?    Il ne voit dans sa correspondance que des phrases générales:
   dont on l).e peut inférer que beaucoup de négligence et de tolérance
   de sa part.  Voilà le mal qu'il souffre, voici celui qu'on lui attribue
   directement; d'avoir gêné le commerce dans le libre approvision-
   nement de la colonie, d'avoir chargé de ces approvisionnements
   un seul particulier    qui, sous le nom     de   munitionnaire général,
   s'est rendu maitre de tout et donne à tout le prix qu'il veut;
   d'avoir fait acheter pour le compte du roi de la seconde et troisième
   main ce qu'il aurait pu se procurer de la première à meilleur marché;
   d'avoir fait la fortune des personnes qui ont des relations avec lui,
   par les intérêts qu'il leur a fait prendre dans ces achats ou dans d'autres
   entreprises; de tenir lui-même l'état le plus splendide sur le plus grand
   pied, au milieu de la misère publique.      Le ministre le prie de faire
   de très sérieuses réflexions sur la façon dont l'administration qui lui est
   confiée a été conduite jusqu'à présent et ajoute que cela est plus impor-
   tant qu'il ne le pense" (1).
        En vue de la campagne prochaine, Vaudreuil avait fait faire dès le
   commencement de l'année 1759, un recensement de tous les hommes
   de seize à soixante ans, en état de porter les armes; le nombre en était
   de 15,229 ~ais l'auteur du "Mémoire sur les affaires du Canada" ajoute
   que ce recensement ne fut pas exact (2).
        Ces troupes comprenaient tout ce que l'on pouvait opposer à la
   formidable armée anglaise qui devait envahir le Canada.      Une partie
   de cette armée, commandée par Amherst allait descendre par le lac
   Champlain; un second corps, sous les ordres de Prideaux, s'avancerait
   par le lac Ontario.  Wolfe était à la tête de la flotte qui allait remonter
   le St-Laurent et assiéger Québec.
        Pour faire face à ces forces imposantes, les défenseurs de la N ouvelle-
   France, comptaient sur les secours qui viendraient de France.        La
   consternation fut grande lorsqu'on apprit que Bougainville avait échoué
   dans sa mission et qu'il n'avait pu obtenir que 400 hommes de recrue
   qui débarquèrent à Québec, vers le milieu de mai.
        Le Ministre écrivait à M. de Vaudreuil et Montcalm qu'ils devaient
   concentrer leurs efforts en vue de conserver la partie principale de la
   colonie.  Le roi s'occupait de les aider plus efficacement non seulement
   par de nouveaux secours mais encore par des opérations capables de
   procurer des diversions (3) qui leur laisseront moins de forces à com-
   battre.  L'important était de conserver une partie de la colonie afin de
   pouvoir recouvrer le reste à la paix (4).

         (I)-De 1,700,000 livres en 1749, si l'on prend les chiffres généralement admis, le budget
   canadien passe à 6 millions en 1755, à 11 millions en 1756 et atteint le chiffre énorme de 19 millions en
   1757.  Pour les dix ans qui suivent 1749, on anive au total de 122, 690,000 livres dont 104 pour les
   dernières années, à partir de 1755. Desandrouins pp. 129, 138, 130, cité par André Chagny dans Fran-
   çois Picquet "Le Canadien", p. 493.
        (2)-Mémoires sur les affaires du Canada, p. 125.
       , (3)-Voir dans le "Montcalm" de M. Chapais ce que l'on entendait par ces "diversions" que le
   cabinet français avait décidé d'entreprendre afin de dégager le Canada et le sauver, pp. 525 et seq.
        (4)-A.C.C.G., Reg. des Dép. Vol. 109, Fol. 66Y2.
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