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98              LA COLONISATION DANS QUÉBEC

                   Montcalm comprit qu'il ne devait pas espérer davantage et résolut
              d'utiliser le mieux possible le peu qu'on lui envoyait.  "C'est toujours
              quelques vivres, écrivait-il, au maréchal      de  Belle-Isle,  quelques
              hommes, des bâtiments dont on peut tirer parti si l'ennemi vient à Qué-
              bec, et le peu est précieux à qui n'a rien. . ..  Nous ne sommes vrai-
              semblablement pas éloignés d'évènements qui nous mettront à la portée
              de mériter de plus en plus les bontés de Sa Majesté et j'ose vous répondre
              d'un entier dévouement à sauver cette malheureuse colonie ou à périr"
              (1) .
                   Le 20 mai, le gouverneur adressa aux capitaines de milice une circu-
              laire par laquelle il leur enjoignait de faire marcher au premier appel,
              tous les hommes valides de leurs compagnies, avec leurs armes, leurs
              outils, et douze jours de vivres.  On vit des enfants de douze ans et des
              vieillards de quatre-vingts ans s'enrôler volontairement.
                   Les campagnes, sur les deux rives du fleuve au-dessous de Québec,
              furent évacuées.   Les habitants reçurent l'ordre de se retirer dans les
              bois avec les femmes et tous les bestiaux, à l'approche de l'ennemi.
              Pendant les cinq longs mois que dura la campagne ces pauvres gens vécu-
              rent de la vie des sauvages.
                   Le 25 juin, la première escadre de la flotte anglaise atteignait l'extré-
              mité ouest de l'ile d'Orléans et dès le lendemain, Wolfe y faisait descen-
              dre une partie de ses troupes; après avoir essayé plusieurs tentatives de
              débarquement soit du côté de Beauport, soit du côté de Lévis, le général
              anglais réussit enfin à tromper la vigilance des sentinelles et à escalader
              les hauteurs de ·1'Anse-aux-Foulons, au dessus de Québec.    Le 13 sept-
              embre, au matin, dans une bataille décisive, il écrasait l'armée fran-
              çaise; Wolfe et Montcalm mortellement blessés pendant la bataille,
              moururent le premier avant la fin de l'action, le second, le lendemain
              matin.
                   Le 18 septembre, Québec se rendait sans coup férir et le drapeau
              anglais remplaçait les vieilles couleurs françaises sur la bastion de la
              citadelle.
                   Lévis qui prit le commandement de l'armée, jugea qu'il était impos-
              sible de reprendre Québec dans les malheureuses circonstances où se
              trouvait la colonie; les miliciens désertaient en grand nombre      une
              misère affreuse règnait partout.   "Toute la côte de Beaupré et l'Ile
              d'Orléans écrivait Mgr de Pontbriand, (2) ont été détruites, avant
              la fin du siège; les granges, les maisons des habitants, les presbytères
              ont été incendiées, les bestiaux qui restèrent, enlevés; ceux qui avaient
              été transportés, au-dessus de Québec, ont presque tous été pris pour la
              subsistance de notre armée, de sorte que le pauvre habitant qui retourne
              sur sa terre avec sa femme et ses enfants sera obligé de se cabaner à la
              façon des sauvages.  Leur récolte qu'ils n'ont pu faire qu'en en donnant
              la moitié sera exposée aux injures de l'air ainsi que leurs animaux.  Les
              caches qu'on avait faites dans les bois ont été découvertes par l'ennemi
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                  (1)-16 mai 1759, Arch. du M. de la guerre, Vol. 3540.
                  (2)-9 novembre, 1759, A.C.C.G., Vol. 104.
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