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SOUS LA DOMINATION FRANÇAISE                           99

    et par là l'habitant est sans hardes, sans meubles, sans charrues et sans
    outils, pour travailler la terre et couper le bois; de l'autre côté de la
    rivière, au sud, il y a environ trente six lieues de pays établis qui ont
    été à peu près également ravagés et qui contenaient dix-neuf paroisses,
    dont le plus grand nombre, a été détruit. L'année prochaine, il sera
    difficile d'ensemencer les terres parce qu'il n'y a aucun labour de fait".
         Durant l'hiver, M. de Lévis qui s'était retiré à Montréal réorganisa
    l'armée et conçut le hardi projet de reprendre Québec.
         Le 28 avril, il était vainqueur à la bataille de Ste-Foy, et commen-
    çait aussitôt le siège de Québec.
         Le 18 mai, des vaisseaux de guerre anglais qui arrivèrent le forcè-
    rent à renoncer à l'entreprise et à se replier sur Montréal.  Murray le
    suivit de près; sur sa route ce dernier reçut le serment de neutralité des
    habitants de plusieurs paroisses; celles où on refusait de se rendre furent
    incendiées.
         Le 7 septembre, il opérait sa jonction sous les murs de Montréal avec
    Haviland qui arrivait par la rivière Richelieu et avec Amherst qui était
    descendu par le St-Laurent.      Les trois armées anglaises formaient
    un effectif d'environ 18,000 hommes.   MM. de Vaudreuil et de Lévis ne
    pouvaient tenir tête à de pareilles forces et virent que toute résistance
    était inutile.  Le lendemain, 8 septembre, de Vaudreuil signait la
    capitulation qui mettait fin à la domination française en Canada.

                             Effectif de la population

         On se rend facilement compte que pendant les luttes de ces cinq
    dernières années, le recrutement des colons pour la Nouvelle-France
    fut à peu près nul.  Les seules recrues nouvelles furent quelques soldats
    des régiments venus avec Montcalm et après lui. Dans les instructions
    données aux commandants des bataillons, Montcalm leur disait "qu'ils
    devaient pour répondre aux vues sages de Sa Majesté et aux ordres
    précis qu'il avait reçus, favoriser les mariages de leurs soldats avec des
    filles d'habitants qui puissent augmenter le nombre des cultivateurs"
    (1).  Cette recommandation eut bon effet, car dans une lettre du 18
    avril 1758, adressée au ministre, Montcalm écrit (2): "Nos soldats
    paraissent prendre goût au séjour de cette colonie; il continue à s'y faire
    beaucoup de mariages, plusieurs sans se marier ont pris cet hiver des
    terres à défricher et sans les dispenser du service militaire, je me prête
    volontiers à tous les arrangements que les intérêts politiques de la colonie
    exigent.  Nous ne saurions y laisser trop de soldats de nos bataillons,
    nous les ramenerions mauvais pour .l'Europe et nous les laisserons très
    bons pour l'Amérique".
         Dans la revue des régiments faite par M. de Lévis le lendemain de la
    capitulation de Montréal, (9 septembre 1760) 548 soldats sont inscrits
    comme désertés ou disparus. (3).     C'est surtout dans la région de

         (1)-16 mai 1756, Lettres et pièces militaires, p. 15.
         (2)-A.C.C.G., Vol 103.
         (3)-Journal des campagnes du chevalier de Lévis, p. 315.
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