Page 20 - La Généalogie retrouver ses ancêtres
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C'est dimanche et la maison est pleine de silence. Marie s'est
éveillée plus tard que d'habitude. Nue sous sa chemise de nuit. elle
bâille et s'étire devant la fenêtre, tout en examinant la beauté
sauvage du paysage. La gelée blanchc a saupoudré les bardeaux des
toits: les perches des clâtures, les herbes des prairies. À l'ouest,
au-delà du moutonnement des collines, un léger voile de brume
estompe la dentelure des forêts de sapins et la crête des montagnes.
Soudain, un frisson lui secoua les épaules et lui courut le long
de l'échine. Elle se hâta dc s'habiller. Avant de se rendre à la
cuisine pour y accomplir ses gestes rituels: elle jeta de nouveau un
coup d'œil au-dchors. Du côté exposé nu solcil, les toits avaient
commencé à dégoutter: lentement ; les tiges des plantes se redres-
saient après s'être débarrassées de leur carapace de frimas.
En remontant la glissière de sa robe, ellc se disait :
-Ce sera une belle journée. Une des rares avant que nous
soyons ensevelis dans lc désert blanc de l'hiver.
Louis-Philippe est debout depuis au moins une heure. En bon
paysan, il est resté matineux. Cette habitude lui permet de profiter
des moments intenses de la journée, alors qu'on cntend plus distinc-
tement les chants de la terre. Après avoir allumé la cuisinière et
placé la bouilloire sur le feu, comme il le fait chaque matin, il avait
enfilé sa vareuse, chaussé ses bottes de caoutchouc et il 6tait allé
faire le train.