Page 15 - La Généalogie retrouver ses ancêtres
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-Évidemment ! lance distraitement Marie. Ils n'ont plus rien
à perdre.
Elle ajouta avec un brin d'inquiétude dans la voix :
-Après, qu'est-ce qui se passera ?
-Pour nous forccr à décamper, nous les tétes-de-pioches,
comme certains personnages ne se gênent pas de nous appeler, on
pourrait nous menacer de cesser l'entretien des chemins d'hiver ou
forcer 1'Hydro à couper l'électricité.
- Crois-tu vraiment, insista la femme, que votre entélement
puisse servir à quelque chose ?
-C'est notre manière à nous de contester. On ne transplante
pas des hommes comme de vulgaires sapins. Et puis, un hiver de
plus sur la montagne, c'est pas un drame. On a L'habitude.
-Si les chemins fermaient et si quelqu'un tombait malade ?
-J'y ai pensé, répondit l'homme, sans hésiter.
-A ça aussi, échappa Marie.
-On prétend que la moto-neige Ca passe partout. J'ai I'inten-
tion d'acheter celle à Jean Savoie. Elle n'a servi que quelques mois.
II reste plus qu'à s'entendre sur le prix.
-Et lui, demanda la femme, il n'en a plus besoin ?
-C'est de l'argent qu'il lui faut. Il a trouvé de l'ouvrage à
Sept-îles et doit déménager avec sa famille avant les fêtes.
Sur ces mots, Louis-Philippe s'était levé pour tisonner le feu.
Après avoir jeté deux bûches d'érable bien sec sur la braise, il
retourna à son fauteuil en disant d'un ton mi-sérieux, mi-badin :
-On n'sait jamais c'qui peut se passer en six mois. Le Gou-
vernement ehange tellement souvent d'avis! II se pourmit même
qu'on change de gouvernenient !
Marie, désabusée, laissa échapper ces seules paroles :
-Au point où en sont les choses ...