Page 110 - La Généalogie retrouver ses ancêtres
P. 110
L'électrophone jouait un disque de Charlebois. Souvent, Anne
apportait à la maison des enregistrements dc cette musique endiablée
dont raffolent les jeunes. Au début, les parents avaient eu les oreil-
les agacées ; les airs romantiques leur étaient plus familiers. Un
soir, la fille leur avait dit, en badinant :
- Vous finirez par aimer ça. Vous verrez !
Anne et Julie mettaient la dernière main à la table du réveillon,
tout en accordant leurs gcstes au rythme de la chanson. Pierre et
les autres - le mari de Julie, l'ami d'Anne et une conipagne
d'école de Pierre - battaient des mains en cadence. Pendant ce
temps, Marie s'affairait autour des casseroles tout en songeant aux
absents.
Quelqu'un du groupe venait de faire remarquer que Louis-
Philippe tardait à revenir du lieu de l'incendie, quand on entendit
des bruits sur le perron, comme si on y broyait du verre. Quelqu'un
ouvrit la porte. Ils furent saisis en apercevant la figure repoussante
de l'Idiot que Louis-Philippe poussait devant lui. En plus de son
aspect pitoyable, le malheureux sentait la crasse et la fumée. Dans
un geste d'impatience. Anne avait arrêti le tourne-disque.
Aussitôt qu'elle eut repris ses sens, Marie intervint :
-Anne et Julie, je compte sur vous pour que tout soit fin
prêt. Ajoutez un couvert. Moi, je vais aider Louis-Philippe à mettre
ce malheureux dans un état présentable.