Page 99 - La Généalogie retrouver ses ancêtres
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l'Islet et de Saint-Jean-Port-Joli, couronnés par les clochers
                                         de leurs églises respectives.
                                           TI était près de neuf heures du soir, lorsque les jeunes gens
                                         arrivèrent sur le coteau qui domine le manoir au sud-ouest.
                                         Jules s'arrêta tout à coup à la vue d'objets qui lui rappe-
                                         laient les plus heureux jours de son existence.
                                           - Je n'ai jamais approché, dit-il, du domaine de mes an-
                                         cêtres sans être vivement impressionné. Que l'on vante, tant
                                         qu'on voudra, la beauté des sites pittoresques, grandioses, qui
                                         abondent dans notre belle Nouvelle-France, il n'en est qu'un
                                         pour moi, s'écria-t-il en frappant fortement du pied la terre:
                                         c'est celui où je suis né ! C'est celui où j'ai passé mon en-
                                         fance, entouré des soins tendres et affectionnés de mes bons
                                         parents. C'est celui où j'ai vécu chéri de tout le monde sans
                                         exception. Les jours me paraissaient alors trop courts pour
                                         suffire à mes jeux enfantins! Je me levais avec l'aurore, je
                                         m'habillais à la hâte: c'était une soif de jouissances qui
                                         ressemblait aux transports de la fièvre!
                                           J'aime tout ce qui m'entoure! ajouta Jules; j'aime cette
                                         lune que tu vois poindre à travers les arbres qui couronnent
                                         le sommet de ce beau cap: elle ne me paraît nulle part aussi
                                         belle. J'aime ce ruisseau, qui faisait tourner les petites roues
                                         que j'appelais mes moulins. J'aime cette fontaine à laquelle
                                         je venais me désaltérer pendant les grandes chaleurs.
                                           C'est là que ma mère s'asseyait, continua Jules en mon-
                                         trant un petit rocher couvert de mousse et ombragé par deux
                                         superbes hêtres. C'est là que je lui apportais, à mon tour,
                                         l'eau glacée que j'allais puiser à la fontaine dans ma petite
                                         coupe d'argent. Ah! combien de fois cette tendre mère,
                                         veillant au chevet de mon lit, ou réveillée en sursaut par mes
                                         cris, m'avait-elle présenté dans cette même coupe le lait que
                                         le besoin ou le caprice d'un enfant demandait à sa tendresse
                                         maternelle! Et penser qu'il faut tout quitter! peut-être pour
                                         toujours! Oh, ma mère! ma mère! quelle séparation!
                                           Et Jules versa des larmes.
                                           De Locheill, très affecté, pressa la main de son ami en lui
                                         disant:
                                           - Tu reviendras, mon cher frère; tu reviendras faire le
                                         bonheur et la gloire de ta famille.
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