Page 315 - La Généalogie retrouver ses ancêtres
P. 315

bl~:rnent été un accident fatal à d'autres qui, dans notre
                                         pmition, auraient ignoré cet art utile.



                                           (c) Quoique ami du progrès, je ne puis m'empêcher d'avouer
                                         qu'il y avait beaucoup de charme, de poésie même pour la
                                         jeunesse, dans la manière primitive dont on passait les riviè-
                                         re!!, il y a soixante ans. Aucuns ponts n'existaient alors sur
                                         la rivière des Mères, sur les deux rivières vis-à-vis le village
                                         de Saint-Thomas et sur celle de la Rivière-Ouelle. Quant à
                                         cette dernière, comme je l'ai toujours traversée dans un bac,
                                         avec cheval et voiture, je n'en parle que pour mémoire. Il
                                         est vrai qu'elle avait aussi ses agréments: le câble était
                                         su,jet à se rompre pendant la tempête, ou par la force du
                                         courant; et si, par malheur, la marée baissait alors, le bac
                                         et sa charge couraient grand risque d'aller faire une petite
                                         promenade sur le fleuve Saint-Laurent. J'ai entendu parler
                                         d'un accident semblable, où plusieurs personnes faillirent
                                         perdre la vie.
                                           On passait les trois premières rivières à gué, quand les
                                         eaux étaient basses, en sautillant dans la voiture comme un
                                         enfant qui marcherait pieds nus sur des écailles d'huîtres;
                                         mais c'était un plaisir pour la jeunesse, folle de la danse.
                                         n arrivait bien parfois des accidents sérieux; mais la vie
                                         n'.,st-elle pas semée de ronces et d'épines?
                                           J'ai vu, un jour, mon père et ma mère verser en traversant
                                         le bras de Saint-Thomas; mais ce n'était pas la faute de
                                         l'aimable rivière. Mon père conduisait deux chevaux un
                                         peu violents, attelés de front; une des guides s'accrocha je
                                         ne sais à quelle partie du harnais, une des roues de la voiture
                                         monta sur une roche énorme, et il fallut bien faire la cul-
                                         bute dans l'eau, d'ailleurs très limpide et peu profonde, mais
                                         tri:s solidement pavée de gros cailloux. Comme c'était à cette
                                         époque la seule manière de traverser le bras, je n'ai jamais
                                         ouï-dire que mon père lui ait gardé rancune; il s'en est tou-
                                         jours pris aux rênes qu'il tenait en main.
                                           Mais l'agrément 1ce que j'appelle agrément 1était de passer
                                         ce:. rivières quand les eaux étaient trop profondes pour les
                                         franchir à gué.
                                                             -   316-
   310   311   312   313   314   315   316   317   318   319   320