Page 317 - La Généalogie retrouver ses ancêtres
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partie qui lui reste de son harnais. Comme il ne se soucie
                                         guère de se mettre à l'eau, un combat toujours opiniâtre
                                         s'~'ngage alors, entre la bête et les gens qui, à grands renforts
                                         de coups de fouet, veulent l'obliger à traverser seul la riviè-
                                         re:: mais comme il se trouve le plus maltraité, il finit par
                                         su;comber dans la lutte, se jette à la nage, se promettant
                                         bien sans doute de prendre sa revanche à l'autre rive où 011
                                         le guette. Aussi a-t-il bien soin de ne jamais prendre terre
                                         où ses ennemis l'attendent.
                                           Oh 1 comme je riais de bon cœur, lorsque je voyais le
                                         noble animal, libre de toute entrave, franchir les clôtures,
                                         cOlJrir dans les champs et dans les prairies, pendant que ses
                                         ennemis suaient il grosses gouttes pour le rattraper.
                                           J'ai dit plus haut que j'étais ami du progrès: je me rétracte.
                                         La civilisation a tué la poésie: il n'yen a plus pour le voya-
                                         geur. Belle prouesse, en effet, exploit bien glorieux que de
                                         pa,;ser sur un pont solide comme un roc, et assis confor-
                                         tablement dans une bonne voiture! Aussi dois-je garder de
                                         la rancune à M. Riverin qui, le premier, vers l'année 1800,
                                         a privé le voyageur du plaisir de passer la rivière des Mères
                                         avec ses anciens agréments. J'ai de même beaucoup de peine
                                         à pardonner à M. Fréchette qui, en l'année 1813, a construit
                                         sul' la rivière du Sud le superbe pont dont s'enorgueillit le
                                         vil:age de Montmagny. Je crois encore en vouloir davantage
                                         au seigneur de la Rivière-Ouelle, d'avoir construit un pont
                                         m<lgnifique sur la rivière du même nom. Il y avait tant
                                         d'agrément à hâler, en chantant, le câble de l'ancien bac,
                                         après avoir failli verser de voiture en y embarquant. On a
                                         proclamé bien haut que ces messieurs avaient été les bien-
                                         faiteurs de leur pays! bienfaiteurs, oui; mais, poètes, non.




                                           fd) Je descendais, pendant une belle nuit du mois de juin
                                         de l'année 1811, il la cour de circuit de la paroisse de Ka-
                                         mouraska.
                                           Le conducteur de ma voiture était un habitant de la pa-
                                         roÏiise de Saint-Jean-Port-Joli, nommé Desrosiers, homme
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