Page 307 - La Généalogie retrouver ses ancêtres
P. 307
TI est inutile de dire que tout rapport cessa dès ce jour
entre le cher docteur et la bonne société, pendant le peu de
temps qu'il résida dans la paroisse.
Je me permettrai de consigner une autre anecdote. tant
j'llime à parler de mes anciens amis. Mon père, sachant que
sün ami, le même monsieur Couillard, était arrivé à-Qué-
bt:c, se rend aussitôt à l'hôtel où il pensionnait, pour lui ren-
dre visite; il demande à un domestique allemand de le con-
duire à la chambre qu'occupait le monsieur canadien.
- Ché n'ai pas connaître de monchire canadien, dit le
domestique, il être ichi trois Anglais et une monchire alle-
mand, ché lui être une cran pel homme plond, avec des cros
chieux bleus et peaucoup crandement des couleurs au fisage.
C'était bien le signalement du cher seigneur: et mon père,
sa,~hant que son ami parlait l'allemand, pensa que le domes-
tique l'avait pris pour un compatriote; il lui dit que c'était
le monsieur qu'il désirait voir, mais qu'il était Canadien.
- Chez lui il être Allemande, fit le domestique, il me l'a
dil: lui-même, ché lui barlé mieux que moi mon langue.
CM lUI barlé moi de l'Allemagne et du crand Frieds (Grand
Frédéric) qui me l'a fait donner peaucoup crandement de
schlag. quand moi l'être soldat.
Mon père, entendant rire du haut de l'escalier, aperçut
son ami qui lui criait de monter à sa chambre:
.- Quel diable t'a possédé, dit mon père, de te faire passer
ici pour un Allemand ?
'- Ce n'est pas moi, répliqua monsieur Couillard en mon-
trant le domestique, c'est lui qui a voulu absolument que je
fusse son compatriote; j'ai accepté bravement mon rôle, et
je m'en suis, je t'assure, très bien trouvé; il est aux petits
soins avec moi.
Cher monsieur Couillard 1 l'ami d'enfance de mon père,
comme son fils était le mien, je lui ai fermé les yeux, il y a
- 308