Page 23 - La Généalogie retrouver ses ancêtres
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Spartiate par l'éducation, semblait faire ses délices de cette
vie sauvage et vagabonde.
Arché de Locheill n'était âgé que de douze ans, en l'an-
née 1745, lorsque son père joignit les étendards de ce jeune
et infortuné prince qui, en vrai héros de roman, vint se jeter
entre les bras de ses compatriotes écossais pour revendiquer
par les armes une couronne à laquelle il devait renoncer pour
toujours après le désastre de Culloden. Malgré la témérité de
l'entreprise, malgré les difficultés sans nombre qu'offrait une
lutte inégale contre les forces redoutables de l'Angleterre,
aucun des braves montagnards ne lui fit défaut; tous répon-
dirent à l'appel avec l'enthousiasme d'âmes nobles, génereu-
ses et dévouées: leur cœur fut touché de la confiance du prin-
ce Charles-Edouard en leur loyauté, et de cette grande infor-
tune royale.
Au commencement de cette lutte sanglante, le courage
triompha du nombre et de la discipline, et les échos de leurs
montagnes répétèrent au loin leurs chants de triomphe et de
victoire. L'enthousiasme fut alors à son comble: le succès ne
paraissait plus douteux. Vain espoir! il fallut enfin succom-
ber après les faits d'armes les plus éclatants. Archibald Came-
ron of Locheill, père, partagea le sort de tant d'autres sol-
dats valeureux qui ensanglantèrent le champ de bataille de
Culloden.
Un long gémissement de rage et de désespoir parcourut
les montagnes et les vallées de l'ancienne Calédonie 1 Ses
enfants durent renoncer pour toujours à reconquérir une
liberté pour laquelle ils avaient combattu pendant plusieurs
siècles avec tant d'acharnement et de vaillance. Ce fut le
dernier râle de l'agonie d'une nation héroïque qui succombe.
L'Ecosse, partie intégrante maintenant d'un des plus puis-
sants empires de l'univers, n'a pas eu lieu de déplorer sa
défaite. Ses anciens ennemis s'enorgueillissent des travaux
de ses littérateurs, et ses hommes d'Etat ont été aussi célè-
bres dans le cabinet de leur souverain, que leurs guerriers en
combattant pour leur nouvelle patrie. Tandis que leurs frères
de la verte Erin, les Irlandais, au cœur chaud et généreux,
frémissent encore en mordant leurs chaînes, eux, les Ecos-
sais, jouissent en paix de leur prospérité. Pourquoi cette diffé-
rence? L'Irlande a pourtant fourni plus que son contingent
de gloire à la fière Albion; la voix puissante de ses orateurs
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