Page 19 - La Généalogie retrouver ses ancêtres
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quelques rares taches de rousseur sur le visage et sur les
                                        mains, son menton tant soit peu prononcé, accusent une ori-
                                        gine étrangère; c'est, en effet, Archibald Cameron of Locheill,
                                        vulgairement Arché de Locheill, jeune montagnard écossais
                                        qui a fait ses études au collège des Jésuites de Québec. Com-
                                        ment, lui, étranger, se trouve-t-il dans une colonie française '/
                                        C'est ce que la suite apprendra.
                                          Les jeunes gens sont tous deux d'une beauté remarquable.
                                        Leur costume est le même: capot de couverte avec capu-
                                        chon, mitasses écarlates bordées de rubans verts, jarretières
                                        de laine bleue tricotées, large ceinture aux couleurs vives
                                        et variées ornée de rassades, souliers de caribou plissés à
                                        l'iroquoise, avec hausses brodées en porc-épic, et enfin, cha-
                                        peaux de vrai castor, rabattus sur les oreilles au moyen d'un
                                        fichu rouge noué sous le col.
                                          Le plus jeune montre une agitation fébrile et porte, à
                                        chaque instant, ses regards le long de la rue Buade.
                                          - Tu es donc bien pressé de nous quitter, Jules '1 dit un
                                        de ses amis, d'un ton de reproche.
                                          - Non, mon cher de Laronde, répliqua d'Haberville; oh 1
                                         que non, je t'assure; mais, puisqu'il faut que cette séparation
                                         pénible ait lieu, je suis pressé d'en finir: ça m'énerve. Il est
                                         bien naturel aussi que j'aie hâte de revoir mes chers parents.
                                          - C'est juste, dit de Laronde; et, d'ailleurs, puisque tu es
                                         Canadien, nous vivons dans l'espoir de te revoir bien vite.
                                          - Il n'en est pas de même de toi, cher Arché, dit un
                                         autre: je crains bien que cette séparation soit éternelle, si tu
                                         rentres dans ta patrie.
                                           - Promets-nous de revenir, cria-t-on de toutes parts.
                                           Pendant ce colloque, Jules part comme un trait au-devant
                                         de deux hommes s'avançant à grands pas, le long de la cathé-
                                         drale, avec chacun un aviron sur l'épaule droite. L'un d'eux
                                         porte le costume des habitants de la campagne: capot d'étoffe
                                         noire tissée dans le pays, bonnet de laine grise, mitasses et
                                         jarretières de la même teinte, ceinture aux couleurs variées,
                                         et gros souliers de peau de bœuf du pays, plissés à l'iro-
                                         quoise. Le costume de l'autre est à peu près celui des deux
                                         jeunes voyageurs, mais beaucoup moins riche. Le premier,
                                         d'une haute stature, aux manières brusques, est un traversier
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