Page 21 - La Généalogie retrouver ses ancêtres
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Malgré l'impatience et la mauvaise humeur de Baron, les
adieux des jeunes gens à leurs amis de collège furent longs
et touchants. Les régents les embrassèrent avec tendresse.
- Vous allez suivre tous deux la carrière des armes, leur
dit le supérieur; exposés, sans cesse, à perdre la vie sur les
champs de bataille, vous devez doublement aimer et servir le
bon Dieu. S'il est dans les décrets de la Providence que vous
succombiez, soyez prêts en tout temps, à vous présenter à son
tribunal avec une conscience pure. Que votre cri de guerre
soit: Mon Dieu, mon roi, ma patrie 1
Les dernières paroles d'Arché furent:
- Adieu, vous tous qui avez ouvert vos bras et vos cœurs
à l'enfant proscrit; adieu, amis généreux, dont les efforts
constants ont été de faire oublier au pauvre exilé qu'il appar-
tenait à une race étrangère à la vôtre 1Adieu 1Adieu 1 peut-
être pour toujours.
Jules était très affecté.
- Cette séparation serait bien cruelle pour moi, dit-il, si
je n'avais l'espoir de revoir bientôt le Canada avec le régi-
ment dans lequel je vais servir en France.
S'adressant ensuite aux régents du collège, il leur dit:
- J'ai beaucoup abusé de votre indulgence, messieurs, mais
vous savez tous que mon cœur a toujours mieux valu que
ma tête: pardonnez à l'une, je vous prie, en faveur de l'autre.
Quant à vous, mes chers condisciples, ajouta-t-il d'une voix
qu'il s'efforçait inutilement de rendre gaie, avouez que si je
vous ai beaucoup tourmentés, par mes espiègleries, pendant
mes dix années de collège, je vous ai par compensation fait
beaucoup rire.
Et, prenant le bras d'Arché, il l'entraîna pour cacher son
émotion.
Laissons nos voyageurs traverser le fleuve Saint-Laurent,
certains de les rejoindre bien vite à la Pointe-Lévis.
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