Page 25 - La Généalogie retrouver ses ancêtres
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mêmes, soit à celle des grands écoliers qu'il ne pouvait attein-
                                      dre autrement.
                                        Il avait pour principe de ne jamais s'avouer vaincu; et il  ..
                                      fallait, de guerre lasse, finir par lui demander la paix.
                                        On croira sans doute que cet enfant devait être détesté.
                                      Aucunement: tout le monde en raffolait; c'était la joie du
                                      collège. C'est que Jules avait un cœur qui bat, hélas 1 rare-
                                      ment sous la poitrine de l'homme. Dire qu'il était généreux
                                      jusqu'à la prodigalité, qu'il était toujours prêt à prendre la
                                      défense des absents, à se sacrifier pour cacher les fautes d'au-
                                      trui, ne saurait donner une idée aussi juste de son caractère
                                      que le trait suivant. Il était âgé d'environ douze ans, lors-
                                      qu'un grand, perdant patience, lui donna un fort coup de
                                      pied, sans avoir néanmoins l'intention de lui faire autant
                                      de mal. Jules avait pour principe de ne porter aucune plainte
                                      aux maîtres contre ses condisciples: cette conduite lui sem-
                                      blait indigne d'un jeune gentilhomme. Il se contenta de lui
                                      dire: c Tu as l'esprit trop obtus, féroce animal, pour te payer
                                      en sarcasmes; tu ne les comprendrais pas; il faut percer
                                      l'épiderme de ton cuir épais; sois tranquille, tu ne perdras
                                      rien pour attendre 1~
                                        Jules, après avoir rejeté certains moyens de vengeance,  .%
                                      assez ingénieux pourtant, s'arrêta à celui de lui raser les sour-
                                      cils pendant son sommeil, punition d'autant plus facile à
                                      infliger que Dubuc, qui l'avait frappé, avait le sommeil si
                                      lourd qu'il fallait le secouer rudement, même le matin, pour
                                      le réveiller. C'était d'ailleurs le prendre par le côté le plus
                                      sensible: il était beau garçon et très fier de sa personne.
                                        Jules s'était donc arrêté à ce genre de punition, lorsqu'il
                                      entendit Dubuc dire à un de ses amis, qui le trouvait triste:
                                        -  J'ai bien sujet de l'être, car j'attends mon père demain.
                                       J'ai contracté des dettes chez les boutiquiers et chez mon
                                       tailleur, malgré ses défenses, espérant que ma mère viendrait
                                       à Québec avant lui, et qu'elle me tirerait d'embarras à son
                                       insu. Mon père est avare, colère, brutal; dans un premier
                                       mouvement, il est capable de me frapper. Je ne sais où don·
                                       ner de la tête; j'ai presque envie de prendre la fuite jus-
                                       qu'à ce que l'orage soit passé.
                                         -  Ah çà 1 dit Jules, qui avait tout entendu, pourquoi n'as-
                                       tu pas eu recours à moi ?
                                         -  Dame 1dit Dubuc en secouant la tête.
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