Page 219 - La Généalogie retrouver ses ancêtres
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éloquent, qu'il a mérité la sentence qu'il va prononcer contre
                                         lui.
                                           Monsieur de Saint-Luc fit un récit succinct de la conduite
                                         de Locheill aux prises avec le major de Montgomery, son
                                         ennemi implacable. Il parla avec force du devoir du soldat,
                                         qui doit obéir quand même aux ordres souvent injustes de
                                         son supérieur; il fit une peinture touchante du désespoir
                                         du jeune homme, et ajouta:
                                           - Aussitôt que de Locheill fut informé que tu avais reçu
                                         ordre de t'embarquer avec nous pour l'Europe, il demanda
                                         au général anglais une audience, qui lui fut tout de suite
                                         accordée.
                                           -  Capitaine de Locheill, lui dit alors Murray en lui pré-
                                         sentant le brevet de ce nouveau grade, j'allais vous envoyer
                                         chercher. Témoin de vos exploits sur notre glorieux champ
                                         de bataille de 1759, je m'étais empressé de solliciter pour
                                         vous le commandement d'une compagnie; et je dois ajouter
                                         que votre conduite subséquente m'a aussi prouvé que vous
                                         étiez digne des faveurs du gouvernement britannique, et de
                                         tout ce que je puis faire individuellement pour vous les faire
                                         obtenir.
                                           - Je suis heureux, monsieur le général, répondit de La-
                                         cheill, que votre recommandation m'ait fait obtenir un avan-
                                         cement au-dessus de mes faibles services, et je vous prie
                                         d'agréer mes remerciements pour cette faveur qui m'enhardit
                                         à vous demander une grâce de plus, puisque vous m'assurez
                                         de votre bienveillance. Oh 1 oui, général, c'est une grâce
                                         bien précieuse pour moi que j'ai à solliciter.
                                           - Parlez, capitaine, dit Murray, car je suis disposé à faire
                                         beaucoup pour vous.
                                           - S'il s'agissait de moi, reprit Arché, je n'aurais rien à
                                         désirer de plus; mais j'ai à vous prier pour autrui et non pour
                                         moi personnellement. La famille d'Haberville, ruinée, com-
                                         me tant d'autres, par notre conquête, a reçu ordre de Votre
                                         Excellence de partir prochainement pour la France; et il lui
                                         a' été impossible de vendre, même au prix des plus grands
                                         sacrifices, le peu de propriétés qui lui restent des débris
                                         d'une fortune jadis florissante. Accordez-lui, général, je vous
                                         en conjure, deux ans pour mettre un peu d'ordre à ses affai-
                                         res. Votre Excellence sait que je dois beaucoup de reconnais-
                                         sance à cette famille, qui m'a comblé de bienfaits pendant un
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