Page 197 - La Généalogie retrouver ses ancêtres
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c que tu appelles maintenant ton frère! Je n'éprouve qu'une
c grande douleur, ô Archibald de Locheill! c'est celle de
c ne pouvoir te maudire 1 Malheur 1 malheur! malheur! »
Aussi Arché, sans égard à la position critique dans laquelle
il se trouvait, à la responsabilité qui pesait sur lui pour le
salut de ses soldats, fit faire halte à sa compagnie, et s'avan-
ça au-devant de Jules, sa claymore dirigée vers la terre. Un
instant, un seul instant toute la tendresse du jeune Françai~
pour son frère d'adoption sembla se réveiller en lui; mais
réprimant ce premier mouvement de sensibilité, il lui dit d'une
voix creuse et empreinte d'amertume:
- Défendez-vous, monsieur de Locheill, vous aimez les
triomphes faciles. Défendez-vous! Ah! traître 1
A cette nouvelle injure, Arché, se croisant les bras, se
contenta de répondre de sa voix la plus affectueuse:
- Toi aussi, mon frère Jules, toi aussi tu m'as condamné
sans m'entendre!
A ces paroles d'affectueux reproches, une forte secousse
nerveuse acheva de paralyser le peu de force qui restait ~
Jules; l'épée lui échappa de la main, et il tomba la face contre
terre. Arché fit puiser de l'eau dans le ruisseau voisin par
un de ses soldats; et sans s'occuper du danger auquel il s'ex-
posait, il prit son ami dans ses bras et le porta sur la lisière
du bois, où plusieurs blessés tant Français que Canadiens,
touchés des soins que l'Anglais donnait à leur jeune officier,
n'eurent pas même l'idée de lui nuire, quoique plusieurs eus-
sent rechargé leurs fusils. Arché, après avoir visité les bles-
sures de son ami, jugea que la perte de sang était la seule
cause de la syncope: en effet, l'eau glacée qu'il lui jeta au
visage, lui fit bien vite reprendre connaissance. Il ouvrit les
yeux, les leva un instant sur Arché, mais ne proféra aucune
parole. Celui-ci lui serra une main, qui parut répondre par
une légère pression.
- Adieu, Jules, lui dit Arché; adieu, mon frère! le devoir
impérieux m'oblige de te laisser: nous reverrons lous deux
de meilleurs jours.
Et il rejoignit en gémissant ses compagnons.
- Maintenant, mes garçons, dit de Locheill après avoir
jeté un coup d'œil rapide sur la plaine, après avoir prêté
l'oreille aux bruits confus qui en sortaient, maintenant, mes
garçons, point de fausse délicatesse, la bataille est perdue
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