Page 199 - La Généalogie retrouver ses ancêtres
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présence de son nombreux état-major, et prononça ces pa-
roles dignes d'une grande âme: c Honneur, messieurs, au
courage malheureux 1» Il voulait, sans doute, que les Fran-
çais, dans leurs triomphes futurs, fissent la part de gloire
aux vaincus qui en étaient dignes: il savait que chacune de
ses paroles resterait à jamais gravée sur le marbre de l'his-
toire. Les grands guerriers sont nombreux; la nature avare
prend des siècles pour enfanter un héros.
Le champ de bataille offrait un bien lugubre spectacle après
la victoire des Français: le sang, l'eau et la boue adhéraient
aux vêtements, aux cheveux, aux visages même des morts et
des blessés étendus çà et là sur un lit de glace: il fallait d~
pénibles efforts pour les dégager. Le chevalier de Lévis fit
prendre le plus grand soin des blessés des deux nations,
dont le plus grand nombre fut transporté au couvent des
Dames Hospitalières de l'Hôpital-Général. L'hospice et ses
dépendances furent encombrés de malades. Tout le linge de
la maison fut déchiré pour les pansements; il ne resta aux
bonnes religieuses que les habits qu'elles portaient sur elles
le jour de la bataille (a). Toujours altérées de charité chré-
tienne, elles eurent une rare occasion de se livrer aux péni-
bles devoirs que cette charité impose à celles qui, en pronon-
çant leurs vœux, en ont fait un culte et une profession.
Le général Murray, rentré, après sa défaite, dans la cité
de Québec qu'il avait fortifiée d'une manière formidable,
opposait une vigoureuse résistance au chevalier de Lévis,
lequel n'avait d'autre matériel de siège que vingt bouches à
feu pour armer ses batteries: c'était plutôt un blocus qu'un
siège régulier que les Français prolongeaient, en attendant
des secours qu'ils ne reçurent jamais de la mère patrie.
Le chevalier de Lévis, qui avait à cœur de montrer les soins
qu'il donnait aux blessés ennemis, s'était prêté de la meil-
leure grâce du monde à la demande du général anglais d'en-
voyer trois fois par semaine un de ses officiers visiter les
malades de sa nation transportés à l'Hôpital-Général. De
Locheill savait que son ami devait être dans cet hospice avec
les officiers des deux nations; mais il n'en avait reçu aucune
nouvelle. Quoique dévoré d'inquiétude, il s'était abstenu de
s'en informer pour ne point donner prise à la malveillance,
dans la fausse position où ses anciennes relations avec les
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