Page 194 - La Généalogie retrouver ses ancêtres
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d'ennemis qui attisaient depuis tant d'années les baines sécu-
                                  laires qu'ils avaient transportées de la vieille Europe sur le
                                  nouveau continent. Des deux côtés la bravoure était égale,
                                  et 15,000 hommes des meilleures troupes du monde n'atten-
                                  daient que l'ordre de leurs chefs pour ensanglanter de no J-
                                  veau les mêmes plaines qui avaient déjà bu le sang de tant
                                  de valeureux soldats.
                                    Jules d'Haberville, qui s'6tait déjà distingué à la première
                                  bataille des plaines d'Abraham, faisait alors partie d'une des
                                   cinq compagnies commandées par le brave capitaine d'Ai-
                                   guebelle, qui, sur l'ordre du général de Lévis, abandonnè-
                                   rent d'abord le moulin de Dumont attaqué par des forces
                                   supérieures. Jules blessé grièvement par un éclat d'obus, qui
                                   lui avait cassé le bras gauche, refusa de céder aux instances
                                   de ses amis, qui le pressaient instamment de faire panser une
                                   blessure dont le sang coulait avec abondance; et, se conten-
                                   tant d'un léger bandage avec son mouchoir, il chargea de
                                   nouveau, le bras en écharpe, à la tête de sa compagnie, lors-
                                   que le général, jugeant l'importance de s'emparer à tout prix
                                   d'un poste dont dépendait l'issue du combat, ordonna de re-
                                   prendre l'offensive.
                                     Presque toute l'artillerie du général Murray était dirigée
                                   de manière à protéger cette position si importante, lorsque
                                   les grenadiers français l'abordèrent de nouveau au pas de
                                   charge. Les boulets, la mitraille décimaient leurs rangs, qu'ils
                                   reformaient à mesure avec autant d'ordre que dans une
                                   parade. Cette position fut prise et reprise plusieurs fois
                                   pendant cette mémorable bataille où chacun luttait de cou-
                                   rage. Jules d'Haberville, '" le petit grenadier, ,. comme l'appe-
                                   laient ses soldats, emporté par son ardeur malgré sa blessure,
                                   s'était précipité, l'épée à la main, au milieu des ennemis qui
                                   lâchèrent prise un instant; mais à peine les Français s'y
                                   étaient-ils établis, que les Anglais, revenant à la charge en
                                   plus grand nombre, s'emparèrent du moulin, après un com-
                                   bat des plus sanglants.
                                     Les grenadiers français, mis un instant en désordre, se
                                   reformèrent de nouveau à une petite distance sous le feu de
                                   l'artillerie et d'une grêle de balles qui les criblaient; et, abor-
                                   dant pour la troisième fois le moulin de Dumont à la baïon-
                                   nette, ils s'en emparèrent après une lutte sanglante, et s'y
                                   maintinrent.
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