Page 193 - La Généalogie retrouver ses ancêtres
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des Anglais. Il n'y avait plus de vivres. Et l'on a cependant
accusé de pusillanimité la brave garnison qui avait tant souf-
fert et qui s'était défendue si vaillamment. Si le gouverneur,
nouveau Nostradamus, eût su que le chevalier de Lévis était
à portée de secourir la ville, et qu'au lieu de capituler, il
eût attendu j'arrivée des troupes françaises, il est encore cer-
tain que, loin d'accuser la garnison de pusillanimité, on eût
élevé son courage jusqu'au ciel. Certes, la garnison s'est
montrêe bien lâche en livrant une ville qu'elle savait ne pou-
voir défendre! Elle devait, confiante en l'humanité de l'en-
nemi qui avait promené le fer et le feu dans les paisibles
campagnes, faire fi de la vie des citadins, de l'honneur de
leurs femmes et de leurs filles exposées à toutes les horreurs
d'une ville prise d'assaut! Elle a été bien lâche cette pauvre
garnison! Malheur aux vaincus 1
Les Anglais, après la capitulation, ne négligèrent rien de
ce qui pouvait assurer la conquête d'une place aussi impor.
tante que la capitale de la Nouvelle-France. Les murs furent
relevés, de nouvelles fortifications ajoutées aux premières, et
le tout armé d'une artillerie formidable. Ils pouvaient devenir
assiégés, d'assiégeants qu'ils étaient l'année précédente. Leurs
prévisions étaient justes, car le général de Lévis reprenait, le
printemps suivant, l'offensive avec une armée de 8,000 homo
mes, tant de troupes régulières que de miliciens canadiens.
Cependant l'armée anglaise, fière de la victoire qu'elle
avait remportée, sept mois auparavant, était encore rangée en
bataille, dès huit heures du matin, le 28 avril 1760, sur les
mêmes plaines où elle avait combattu avec tant de succès.
Le général Murray, qui commandait cette armée forte de
6,000 hommes et soutenue par vingt-deux bouches à feu,
occupait les positions les plus avantageuses, lorsque l'armée
française, un peu plus nombreuse, mais n'ayant que deux
pièces d'artillerie, couronna les hauteurs de Sainte-Foye. Les
Français, quoique fatigués par une marche pénible par des
chemins impraticables à travers les marais de la Suède, l
brûlaient du désir de venger leur défaite de l'année précé.
dente. La soif du sang était bien ardente dans les poitrines
1. Ce mot se prononce aussi Suète, et provient peut-être de ce
que la terre sue dans cet endroit.
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