Page 192 - La Généalogie retrouver ses ancêtres
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générosité. Un grand capitaine qui a égalé de nos jours
Alexandre et César, n'a-t-i1 pas dit: c Quel est celui qui n'a
jamais commis de faute à la guerre? Vœ victis 1
Le 13 septembre 1759, jour néfaste dans les annales de
la France, l'armée anglaise, commandée par le général Wolfe,
après avoir trompé la vigilance des sentinelles françaises, et
surpris les avant-postes pendant une nuit sombre, était ran·
gée en bataille le matin sur les plaines d'Abraham, où elle
avait commencé à se retrancher. Le général Montcalm, em·
porté par son courage chevaleresque, ou jugeant peut-être
aussi qu'il était urgent d'interrompre des travaux dont les
conséquences pouvaient devenir funestes, attaqua les An-
glais avec une portion seulement de ses troupes, et fut vaincu,
comme il devait l'être avec des forces si disproportionnées à
celles de l'ennemi. Les deux généraux scellèrent de leur
sang cette bataille mémorable, Wolfe en dotant l'Angleterre
d'une colonie presque aussi vaste que la moitié de l'Eu-
rope, Montèalm en faisant perdre à la France une immense
contrée que son roi et ses imprévoyants ministres appré-
ciaient d'ailleurs fort peu.
Malheur aux vaincus 1Si le marquis de Montcalm eût rem-
porté la victoire sur l'armée anglaise, on l'aurait élevé jus-
qu'aux nues, au lieu de lui reprocher de n'avoir pas attendu
les renforts qu'il devait recevoir de monsieur de Vaudreuil
et du colonel de Bougainville; on aurait admiré sa tactique
d'avoir attaqué brusquement l'ennemi avant qu'il eût le
temps de se reconnaître, et d'avoir profité des accidents de
terrain pour se retrancher dans des positions inexpugnables;
on aurait dit que cent hommes à l'abri de retranchements
en valent mille à découvert; on n'aurait point attribué au
général Montcalm des motifs de basse jalousie, indignes
d'une grande âme: les lauriers brillants qu'il avait tant de
fois cueillis sur de glorieux champs de bataille, l'auraient
mis à couvert de tels soupçons.
Vœ victis 1 La cité de Québec, après la funeste bataille
du 13 septembre, n'était plus qu'un monceau de ruines; les
fortifications n'étaient pas même à l'abri d'un coup de main,
car une partie des remparts s'écroulait; les magasins étaient
épuisés de munitions; les artilleurs, plutôt pour cacher leur
détresse que pour nuire à l'ennemi, ne tiraient qu'un cou!'
de canon à longs intervalles contre les batteries formidables
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