Page 182 - La Généalogie retrouver ses ancêtres
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entrer poussèrent autant de cris de mort qu'il y avait de chefs
                                   captifs. On tint un grand conseil, et 1'0nonthio des Anglais
                                   leur accorda la paix à condition qu'ils donneraient des ota-
                                   ges, qu'ils livreraient leurs places fortes, que les deux nations
                                   n'en feraient plus qu'une, et que les guerriers anglais et
                                  écossais combattraient épaule contre épaule les ennemis du
                                  grand Ononthio. On fit un festin qui dura trois jours et trois
                                   nuits, et où l'on but tant d'eau-de-feu que les femmes ser-
                                   rèrent les casse-tête: car, sans cela, la guerre aurait recom-
                                   mencé de nouveau. Les Anglais furent si joyeux, qu'ils pro-
                                   mirent d'envoyer en Ecosse, par-dessus le marché, toutes
                                   les têtes. pattes et queues des moutons qu'ils tueraient à
                                   l'avenir.
                                     -  C'est bon ça, dit l'Indien; les Anglais sont généreux! 1
                                     -  Mon frère doit voir, continua Dumais, qu'un guerrier
                                   écossais aime mieux être brûlé que pendu, et il va me ven-
                                   dre sa part du prisonnier. Que mon frère fasse son prix, et
                                   Dumais ne regardera pas à l'argent.
                                     -  La Grand'Loutre ne vendra pas sa part du prisonnier,
                                   dit l'Indien: il a promis à Taoutsï et à Katakouï de le livrer
                                   demain au campement du petit Marigotte, et il tiendra sa
                                   parole. On assemblera le conseil; la Grand'Loutre parlera
                                   aux jeunes gens, et, s'ils consentent à ne pas le brûler, il sera
                                   toujours temps de le livrer à d'Haberville.
                                     -  Mon frère connaît Dumais, dit le Canadien: il sait qu'il
                                   est riche, qu'il a un bon cœur et qu'il est un homme de
                                   parole; Dumais paiera pour le prisonnier six fois autant, en
                                   comptant sur ses doigts, qu'Ononthio paie aux sauvages pour
                                   chaque chevelure de l'ennemi.
                                     -  La Grand'Loutre sait que son frère dit vrai, répliqua
                                   l'Indien, mais il ne vendra pas sa part du prisonnier.
                                     Les yeux du Canadien lancèrent des flammes; il serra for-
                                   tement le manche de sa hache; mais, se ravisant tout à coup,

                                     1. Les sauvages sont très friands de la tête et des' pattes des
                                   animaux. Je demandais un jour à un vieux canaoua, qui se van-
                                   tait d'avoir pris part à un festin où sept de leurs ennemis avaient
                                   été mangés, quelle était la partie la plus délicieuse d'un ennemi
                                   rôti: il répondit sans hésiter, en se faisant claquer la langue:
                                   c Certes, ce sont les pieds et les mains, mon frère.:)
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