Page 185 - La Généalogie retrouver ses ancêtres
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-  Ecoute, mon frère, dit le Canadien, et pardonne à Ou-
                                        mais s'il t'a caché la vérité: il ne connaissait pas ton grand
                                        cœur. Il va parler maintenant en présence du Grand-Esprit
                                        qui l'écoute; et le visage-pâle ne ment jamais au Grand-
                                        Esprit.
                                          -  C'est vrai, fit l'Indien: que mon frère parle, et son frère
                                        l'écoute.
                                          -  Quand la Grand'Loutre était malade, il y a deux ans,
                                        reprit le Canadien, Dumais lui a raconté son aventure, lorsque
                                        les glaces du printemps l'emportaient dans la chute de Saint-
                                        Thomas, et comment il fut sauvé par un jeune Ecossais, qui
                                        arrivait le soir chez le seigneur de Beaumont.
                                          -  Mon frère me l'a racontée, dit l'Indien, et il m'a montré
                                        les restes de l'îlot où, suspendu sur l'abîme, il attendait la
                                        mort à chaque instant. La Grand'Loutre connaissait déjà la
                                        place et le vieux cèdre auquel mon frère se tenait.
                                          -  Eh bien! reprit Dumais en se levant et ôtant sa cas-
                                        quette, ton frère déclare, en présence du Grand-Esprit, que
                                        le prisonnier est le jeune Ecossais qui lui a sauvé la vie 1
                                          L'Indien poussa un cri terrible, que les échos des monta-
                                        gnes répétèrent avec l'éclat de la foudre, se releva d'un bond,
                                        en tirant son couteau, et se précipita sur le prisonnier. De
                                        Locheill, qui n'avait rien compris à leur conversation, crut
                                        qu'il touchait au dernier moment de son existence, et recom-
                                        manda son âme à Dieu, quand, à sa grande surprise, le sau-
                                        vage coupa ses liens, lui secoua fortement les mains avec de
                                        vives démonstrations de joie, et le poussa dans les bras de
                                        son ami.
                                          Dumais pressa en sanglotant, Arché contre sa poitrine, puis
                                       s'écria en s'agenouillant:
                                         -  Je vous ai prié, ô mon Dieu 1d'étendre votre main pro-
                                       tectrice sur ce noble et généreux jeune homme; ma femme et
                                       mes enfants n'ont cessé de faire les mêmes prières: merci,
                                       merci, mon Dieu 1 merci de m'avoir accordé beaucoup plus
                                       que je n'avais demandé 1 Je vous rends grâces, Ô mon Dieu f
                                       car j'aurais commis un crime pour lui sauver la vie, et j'aurais
                                       traîné une vie rongée de remords, jusqu'à ce que la tombe
                                       eût recouvert un meurtrier.
                                         -  Maintenant, dit de Locheill après avoir remercié son
                                       libérateur avec les plus vives expressions de reconnaissance,
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