Page 178 - La Généalogie retrouver ses ancêtres
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-  Le vendre au capitaine d'Haberville qui le fera pendre
                                   pour avoir brûlé sa maison et son moulin.
                                     -  Ça fait plus mal d'être brûlé: d'Haberville boira la ven-
                                   geance avec autant de plaisir que Talamousse a bu ton eau-
                                   de-feu.
                                     -  Mon frère se trompe, le prisonnier souffrira tous les
                                   tourments du feu comme un guerrier, mais il pleurera com-
                                   me une femme si on le menace de la corde: le capitaine
                                   d'Haberville le sait bien.
                                     -  Mon frère ment encore, répliqua la Grand'Loutre: tous
                                   les Anglais que nous avons brûlés pleuraient comme des
                                   lâches, et aucun d'eux n'a entonné sa chanson de mort corn·
                                   me un homme. Ils nous auraient remerciés de les pendre: il
                                   n'y a que le guerrier sauvage qui préfère le bûcher à la
                                   honte d'être pendu comme un chien (a),
                                     -  Que mon frère écoute, dit Dumais, et qu'il fasse atten-
                                   tion aux paroles du visage-pâle. Le prisonnier n'est pas An-
                                   glais, mais Ecossais; et les Ecossais sont les sauvages des
                                   Anglais. Que mon frère regarde le vêtement du prisonnier, et
                                   il verra qu'il est presque semblable à celui du guerrier sau-
                                   vage.
                                     -  C'est vrai, dit la Grand'Loutre: il n'étouffe pas dans ses
                                   habits comme les soldats anglais et les soldats du Grand
                                   Ononthio qui demeure de l'autre côté du grand lac; mais,
                                   qu'est-ce que ça y fait?
                                     - Ça y fait, reprit le Canadien, qu'un guerrier écossais
                                   aime mieux être brûlé que pendu. Il pense, comme les peaux-
                                   rouges du Canada, qu'on ne pend que les chiens, et que s'il
                                   visitait le pays des âmes la corde au cou, les guerriers sau-
                                   vages ne voudraient pas chasser avec lui.
                                     -  Mon frère ment encore, dit l'Indien en secouant la
                                   tête d'un air de doute: les sauvages écossais sont toujours
                                   des visages-pâles, et ils ne doivent pas avoir le courage de
                                   souffrir comme les peaux-rouges.
                                     Et il continua à fumer d'un air pensif.
                                     -  Que mon frère prête l'oreille à mes paroles, reprit
                                   Dumais, et il verra que je dis la vérité.
                                     -  Parle; ton frère écoute.
                                     -  Les Anglais et les Ecossais, continua le Canadien, ha-
                                   bitent une grande île de l'autre côté du grand lac; les Anglais
                                   vivent dans la plaine, les Ecossais dans les montagnes. Les
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