Page 180 - La Généalogie retrouver ses ancêtres
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souvent à les poursuivre dans des lieux où ils n'attrapaient
                                     que des coups et où ils crevaient de faim. La guerre conti-
                                     nuait cependant toujours: quand les Anglais faisaient des pri-
                                     sonniers, ils en brûlaient quelques-uns; mais ceux-ci enton-
                                     naient au poteau leur chanson de mort, insultaient leurs enne-
                                     mis en leur disant qu'ils avaient bu dans les crânes de leurs
                                     grands-pères, et qu'ils ne savaient pas torturer des guer-
                                     riers.
                                       - Houa! s'écria la Grand'Loutre, ce sont des hommes
                                     que ces Ecossais !
                                       - Les Ecossais, reprit le Canadien, avaient pour chef, il
                                     y a bien longtemps de cela, un brave guerrier nommé Wal-
                                     lace; quand il partait pour la guerre, la terre tremblait sous
                                     ses pieds: il était aussi haut que ce sapin, et valait à lui
                                     seul toute une armée. TI fut trahi par un misérable, vendu
                                     pour de l'argent, fait prisonnier et condamné à être pendu.
                                     A cette nouvelle, ce ne fut qu'un cri de rage et de douleur
                                     dans toutes les montagnes d'Ecosse: tous les guerriers se pei-
                                     gnirent le visage en noir, on tint conseil et dix grands chefs,
                                     portant le calumet de paix, partirent pour l'Angleterre. On
                                     les fit entrer dans un grand wigwam, on alluma le feu du
                                     conseil, on fuma longtemps en silence; un grand chef prit
                                     enfin la parole et dit: c Mon frère, la terre a assez bu le sang
                                     des guerriers de deux braves nations, nous désirons enterrer
                                     la hache: rends-nous Wallace, et nous resterons en otages à
                                     sa place: tu nous feras mourir, s'il lève encore le casse-tête
                                     contre toi. ~ Et il présenta le calumet au grand Ononthio des
                                     Anglais, qui le repoussa de la main en disant: c Avant que
                                     le soleil se couche trois fois, Wallace sera pendu. ~
                                       - Ecoute, mon frère, dit le grand chef écossais, s'il faut
                                     que Wallace meure, fais-lui souffrir la mort d'un guerrier:
                                     on ne pend que les chiens; et il présenta de nouveau le calu-
                                     met, qu'Ononthio repoussa. Les députés se consultèrent entre
                                     eux, et leur grand chef reprit: c Que mon frère écoute mes
                                     dernières paroles, et que son cœur se réjouisse: qu'il fasse
                                     planter onze poteaux pour brûler Wallace et ses dix guer-
                                     riers, qui seront fiers de partager son sort: ils remercieront
                                     leur frère de sa clémence •• Et il offrit encore le calumet de
                                    paix, qu'Ononthio refusa.
                                      - Hou 1 fit la Grand'Loutre, c'étaient pourtant de belles
                                    paroles et sortant de cœurs généreux. Mais mon frère ne me
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