Page 159 - La Généalogie retrouver ses ancêtres
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bas de sa soutane, et lui cria d'une voix brisée par les san-
glots:
- Vous êtes un saint, mon père: mon enfant 1 rendez-moi
mon enfant 1ma petite Emma t
- Oui, dit le moine, vous aimiez bien votre enfant: vous
auriez fait beaucoup pour lui épargner une douleur, même
la plus légère?
- Tout, tout, mon père, s'écria la pauvre femme; je me
serais roulée sur des charbons ardents pour lui épargner une
petite brûlure.
- Je le crois, dit le moine; et vous l'aimez sans doute
encore?
- Si je l'aime, bonté divine 1 dit la pauvre mère en se
relevant d'un bond, comme mordue au cœur par une vipère;
si je l'aime t on voit bien, prêtre, que vous ignorez l'amour
maternel, puisque vous croyez que la mort même puisse
l'anéantir.
Et, tremblant de tout son corps, elle versa de nouveau un
torrent de larmes.
- Retirez-vous, femme, dit le vieillard d'un ton de voix
qu'il s'efforçait de rendre sévère; retirez-vous, femme qui
êtes venue m'en imposer; retirez-vous, femme qui mentez à
Dieu et à son ministre. Vous avez vu votre petite fille
ployant sous le fardeau de vos larmes, qu'elle a recueillies
goutte à goutte, et vous me dites encore que vous l'aimez 1
Elle est ici dans ce moment, près de vous, continuant sa
pénible besogne: et vous me dites que vous l'aimez 1 Retirez-
vous, femme, car vous mentez à Dieu et à son ministre.
Les yeux de cette pauvre mère s'ouvrirent comme après
un songe oppressif; elle avoua que sa douleur avait été insen-
sée, et en demanda pardon à Dieu.
- Allez en paix, reprit le saint vieillard, priez avec rési·
gnation et le calme se fera dans votre âme.
Elle raconta, quelques jours après, au bon moine, que sa
petite fille, toute rayonnante de joie et portant une corbeille
de fleurs, lui était apparue en songe pour la remercier de ce
qu'elle avait cessé de verser des larmes qu'elle aurait été
condamnée à recueillir. Cette excellente femme, qui était
riche, consacra le reste de ses jours aux œuvres de charité.
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