Page 152 - La Généalogie retrouver ses ancêtres
P. 152
terrible claymore des Cameron of LocheiIl; je servirai com-
me volontaire dans ta compagnie, si je n'obtie~s ~as un bre-
vet d'officier; et le simple soldat sera aussI her de tes
exploits, que s'il lui en revenait une plus grande part.
Les jeunes gens s'animèrent à l'idée d'exploits futurs;
les grands yeux noirs de Jules lancèrent des flammes: on
aurait dit que l'ancienne ardeur militaire de sa race se mani·
festait en lui subitement. L'enthousiasme devint général, et
le cri de c vive le roi lt s'échappa simultanément de toutes
les poitrines. Quelques larmes roulèrent dans les yeux de la
mère, de la sœur et de la tante, malgré leurs efforts pour les
contenir.
La conversation, qui avait d'abord langui, se ranima tout
à coup. On fit des plans de campagne, on battit les Anglais
sur mer et sur terre, et l'on éleva le Canada au plus haut
degré de gloire et de prospérité!
- Feu partout, s'écria le capitaine d'Haberville en se ver-
sant une rasade, car je vais porter une santé que tout le
monde boira avec bonheur: «Au succès de nos armes 1 et
c puisse le glorieux pavillon fleurdelisé flotter jusqu'à la fin
c des siècles sur toutes les citadelles de la Nouvelle-France llt
A peine portait-on la coupe aux lèvres pour faire honneur
à cette santé, qu'une détonation épouvantable se fit enten-
dre: c'était comme l'éclat de la foudre, ou comme si une
masse énorme fût tombée sur le manoir, qui trembla jusque
dans ses fondements. On se leva précipitamment de table,
on courut dehors: le soleil le plus brillant éclairait un des
plus beaux jours du mois de juillet; on monta au grenier,
mais rien n'indiquait qu'un corps pesant fût tombé sur l'édi-
fice (a). Tout le monde demeura frappé de stupeur; monsieur
d'Haberville surtout parut le plus impressionné. Serait-ce, dit-
il, la décadence de ma maison que ce phénomène me pré-
dit 1
Monsieur d'Egmont, l'abbé et mon oncle Raoul, l'homme
lettré de la famille, s'efforcèrent d'expliquer physiquement
les causes de ce phénomène, sans réussir à dissiper l'impres-
sion pénible qu'il avait causée.
On passa dans le salon pour y prendre le café, sans s'arrê-
ter dans la salle à manger, où les gobelets restèrent intacts.
Les événements qui eurent lieu plus tard ne firent que con-
firmer la famille d'Haberville dans leurs craintes supersti-
- 153 -