Page 70 - La Généalogie retrouver ses ancêtres
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VII
LE MANOIR D'HABERVILLE.
Le manoir d'Haberville était situé au pied d'un cap qui
couvrait une lisière de neuf arpents du domaine seigneurial, au
sud du chemin du Roi. Ce cap ou promontoire, d'environ cent
pieds de hauteur, était d'un aspeCt très pittoresgue; sa cime,
couverte de bois résineux conservant sa verdure même durant
l'hiver, consolait le regard du speCtacle attristant qu'olfre, pen-
dant cette saison, la campagne revêtue de son linceul hyper-
boréen. Ces pruches, ces épinettes, ces pins, ces sapins toujours
verts, reposaient l'œil attristé pendant six mois, à la vue des
arbres moins favorisés par la nature qui, dépouillés de leurs
feuilles, couvraienr le versant et le pied de ce promontoire.
Jules d'Haberville comparait souvent ces arbres à la tête
d'émeraude, bravant, du haut de cette cime altière, les rigueurs
des plus rudes saisons, aux grands et puissants de la rerre qui ne
perdent rien de leurs jouissances, candis que le pauvre grelotte
sous leurs pieds.
De quelque côté qu'un spectateur assis sur la cime du cap
portàt ses regards, il n'avait qu'à se louer d'avoir choisi ce
poste élevé, pour peu qu'il aimât les belles scènes qu'offre la
nature sur les bords du Saint-Laurent. S'il baissait la vue, le
petit village, d'une éclatante blancheur, semblair surgir tout à
coup des vertes prairies qui s'étendaient jusqu'aux rives du
fleuve. S'il l'élevait au contraire, un panorama grandiose se
déroulait à ses yeux étonnés: c'était le roi des fleuves déjà large