Page 61 - La Généalogie retrouver ses ancêtres
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               Soldat moi-même, je vpus prédis de grands succès.  A la santé
               de M. de Locheill, le Ihéros du jour!  On but à la santé du
               jeune Ecossais.      i
                    [La conversationtOntinue Sur ce ton...  Le moment
                    était bien choisi p ur que le Capitaine raconta l'aven·
                    ture dont il était e plus fier}.
                 - Il Ya cinquante ~ns que je navigue, et je n'ai jamais pu
               apprendre à nager: ce n'est pourtant pas faute d'avoir tombé à
               l'eau plus qu'à mon to r; mais j'avais toujours la chance de me
               raccrocher quelque par.  A défaut d'un objet quelconque à ma
               portée, je jouais des p rtes comme font les chats et les chiens;
               et tÔt ou tard quelqu'  me repêchait, puisque je suis ici.
                 Ceci me rappelle ~e petite aventure de ma vie de marin.
               Mon navire était ancr sur les bords du Mississipi.  Il pouvait
               être neuf heures du sir, après une de ces journées étouffantes
               de chaleur dont on ne jouit que près des tropiques.  Je m'étais
               couché sur le beaupré e mon vaisseau pour respirer la brise du
               soir.  Sauf les moust' ues, les brûlots, les maringouins, et le
               bruit infernal que fais ient les caïmans réunis, je crois, de toutes
               les parties du Père des Fleuves, pour me donner une aubade, un
               prince de l'Orient au ait envié mon lit de repos.  Je ne suis
               pourtant pas trop peur ux de mon naturel, mais j'ai une horreur
               invincible pour toute spèce de reptiles, soit qu'ils rampent sur
               la terre, soit qu'ils viv nt dans l'eau.
                  - Vous avez, capit ine, dit Jules, des goûts délicats, raHinés,
               aristocratiques, pour 1 squels je vous honore.
                  - Tu oses encore arIer, méchant garnement, s'écria Mar.
               cheterre en le menaç nt, tout en riant, de son énorme poing:
               j'allais t'oublier, mais  auras ton tour bien vite.  En attendant
               je continue: je me tr uvais heureux dans ma sécurité sur mon
               mât, d'où j'entendais craquer les mâchoires de ces monstres
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               affamés.  Je narguaisl même mes ennemis en leur disant: vous
               seriez très friands, me, petits moutons, de faire un bon souper
               de ma carcasse, maisl il n'y a qu'une petite difficulté; c'est,
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