Page 64 - La Généalogie retrouver ses ancêtres
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LES ANCIENS CANADIENS 65
d'un pareil tour, et qu'as-tu à répondre, petit caïman, pour te
justifier?
- Je voulais, dit Jules, que rout le monde prît part d'avance
à la joie de la famille, à l'heureux succès d'un ami si cher, si
généreux, si magnifique! Aussi, si vous aviez été témoin des
regrets, de la consternation générale, quand il fallut se meme à
table vers onze heures, sans vous attendre davantage (le lende-
main étant jour d'abstinence), vous auriez été attendri jusqu'aux
larmes. Quant à madame votre épouse, c'est une ingrate, oui,
une ingrate. Voyant, un peu avant onze heures, qu'elle ne se
pressait pas de nous donnet le soupet, qu'elle commençait même
à êtte un peu inquiète de son cher mari, je lui glissai un petit
mot à l'oteille, et elle me cassa, pout remerciement, son éventail
sur la figute,
Tout le monde éclata de tire, et le capitaine partagea de
grand cœur l'hilarité générale.
[Mais la débâcle continue. Les floyageurs se floienl
forcés de demeurer à Saint-Thomas. Chacun y 1/11
de sa petite histoire}.
-Quoique natif de Saint-Thomas, j'ai été élevé, leur dit
Marcheterre dans la paroisse de Sorel. r avais dix ans, et mon
frère neuf, lorsque nous fûmes surpris dans le bois, où nous
cueillions des framboises, par un parti d'IrCXjuois qui nous lit
prisonniers. Arrivés, après une assez longue marche, à leur
canot caché dans les broussailles, près de la grève, ils nous
transportèrent sur une des îles nombreuses qui bordent le Saint-
Lautent. Quelqu'un donna l'alarme à ma famille, et mon
père, ainsi que ses trois ftères, armés jusqu'aux dents, se mirent
aussitôt à leur poutsuite. Ils n'étaient que quatre conrre dix,
mais, je puis le dire, sans me vanter, que ce sont des hommes
que mon père et mes oncles, auxquels je ne conseillerais à per-
sonne de cracher au visage. Ce sont des hommes d'une bonne