Page 160 - La Généalogie retrouver ses ancêtres
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LES ANCIENS CANADIENS                                 161


         attendu cela de vous, de vous, l'ami de mon enfance!  Vous
          n'avez pas réfléchi à l'offre que vous me faires.
            Er Blanche, brisée par l'émotion, se rassit en sanglotant.
            Jamais la noble fille canadienne n'avait paru si belle aux
          yeux d'Arché qu'au moment où elle rejetait, avec un superbe
         dédain, l'alliance d'un des conquérants de sa malheureuse patrie,
            - Calmez·, lUS, Blanche, reprit de Locheill: j'admire voue
         patriotisme; ï 'ppréde vos sentiments exaltés de délicatesse,
         quoique bien injustes envers moi, envers moi votte ami d'en·
         fance.  Il vous est impossible de croire qu'un Cameron of
          Locheill pût offenser une noble demoiselle quelconque, encore
          moins la sœur de Jules d'Haberville, la fille de son bienfaiteur.
         Vous savez, Blanche, que je n'agis jamais sans réflexion: toute
          voue famille m'appelait jadis le grave philosophe et m'accordait
         un jugement sain.  Que vous eussiez rejeté avec indignation la
          main d'un Anglo·Saxon, aussi peu de temps après la conquête,
         aurait peut-être été naturel à une d'Haberville; mais moi,
          Blanche, vous savez que je vous aime depuis longtemps, vous ne
         pouvez l'ignorer malgré man silence.  Le jeune homme pauvre
         et proscrit aurait cru manquer à tous sentiments honorables en
         déclarant son amour à la fil!e de son riche bienfaiteur.
            Est-ce parce que je suis riche maintenant, continua de
          Locheill, est-ce parce que le sort des armes nous a fait sortir
          victorieux de la lutte terrible que nOUS avons soutenue contte
          vos compatriotes; est·ce parce que la fatalité m'a fait un
         instrument involontaire de destruction, que je dois refouler à
          jamais dans mon cœur un des plus nobles sentiments de la
          nature, et m'avouer vaincu sans même faire un effort pour
          obtenir celle que j'ai aimée constamment?  Oh! non, Blanche,
          vous ne le pensez pas: vous avez parlé sans réflexion; vous
          regrettez déjà les paroles cruelles qui vous SOnt échappées et
         qui ne pouvaient s'adresser à votre ancien ami.  Parlez, Blan·
          che, et dites que vous les désavouez; que vous n'êtes pas insensi·
          ble à des sentiments que vous connaissez depuis longtemps.
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