Page 158 - La Généalogie retrouver ses ancêtres
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LES ANCIENS CANADIENS 159
[Tandis que la promentll1e continue, Arché et Blanche
contmuent d'évoqu8f' les temps enchanteurs de leur
jeunesse}.
- Maintenant, reprit Arché, que nous avons évoqué tant
d'agréables souvenirs, asseyons-nous sur ce rerne où nous nous
sommes jadis reposés tant de fois, et parlons de choses plus
sérieuses. Je sWs décidé à me fixer au Canada; j'ai vendu
dernièrement un héritage que m'a légué un de mes cousins.
Ma fortune, quoique médiocre en Europe, sera considérable,
appliquée dans cette colonie, où j'ai passé mes plus beaux jours,
où je me propose de vivre et de mourir auprès de mes amis.
Qu'en dites-vous, Blanche?
- Rien au monde ne pourra nous faire plus de plaisir. Oh!
que Jules, qui vous aime tant, sera heureux! combien nous
serons tous heureux!
- Oui, très heureux, sans doute; mais mon bonheur ne peut
être parfait, Blanche, que si vous daignez y mettre le comble
en acceptant ma main. Je vous aL.•
La noble fille bondit comme si une vipère l'eût mordue; et,
pâle de colère, la lèvre frémissante, elle s'écria:
- Vous m'offensez, capitaine Archibald Cameron de 1.0-
cheill! Vous n'avez donc pas réfléchi à ce qu'il y a de blessant,
de cruel dans l'offre que vous me faites! Est-ce lorsque la
torche incendiaire que vous et les vôtres avez promenée sur ma
malheureuse patrie, est à peine éteinte, que vous me faites une
telle proposition? Est<e lorsque la fumée s'élève encore de
nos masures en ruine que vous m'offrez la main d'un des
incendiaires? Ce serait une ironie bien cruelle que d'allumer
le flambeau de l'hyménée aux cendres fumantes de ma malheu-
reuse patrie! On dirait, capitaine de Locheill, que, maintenant
riche, vous avez acheté avec votre or la main de la pauvre fille
canadienne; et jamais une d'Haberville ne consentira à une
telle humiliation. Oh! Arché! Arché! je n'aurais jarnaÙi