Page 156 - La Généalogie retrouver ses ancêtres
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LES ANCIENS CANADIENS 157
qu'il occupait avant la conquête. Sous son administration, et
muni en outre des puissantes recommandations que notre ami
de Locheill lui a procurées, Jules a tout espoir d'occuper un
poste avantageux dans la colonie. Qu'il prête serment de
fidélité à la couronne d'Angleterre; et mes dernières paroles
dans nos adieux suprêmes seront: • Sers ton souverain anglais
avec autant de zèle, de dévouement, de loyauté, que j'ai servi
le monarque français, et reçois ma bénédiction».
Tout le monde fut frappé de ce revirement si soudain dans
les sentiments du chef de famille: on ne songeait pas que le
malheur est un grand maître, qui ploie le plus souvent sous son
bras d'acier les caractères les plus intraitables. Le capitaine
d'Haberville, trop fier, trop loyal d'ailleurs pour avouer ouverte·
ment les torts de Louis XV envers des sujets qui avaient porté
le dévouement jusqu'à l'héroïsme, n'en ressentait pas moins
l'ingratitude de la cour de France. Quoique blessé au cœur
lui·même de cet abandon, il n'en aurait pas moins été prêt à
répandre jusqu'à la dernière goutte de son sang pour ce volup-
cueux monarque.
Comme la marée était haute et magnifique, de Locheill
proposa à Blanche une promenade sur la bel1e grève, aux anses
sablonneuses, qui s'étend du manoir jusqu'à la petite rivière
Port-Joli.
- Je retrouve partout, dit Archê lorsqu'ils furent le long du
fleuve, que le soleil couchant frappait de ses rayons, je retrouve
partout des objets, des sites qui me rappellent de bien doux
souvenirs! C'est ici que je vous faisais jouer, lorsque vous
étiez enfant, avec les coquilles que je ramassais tout le long de
ce rivage; c'est dans cette anse que je donnais à mon frère Jules
les premières leçons de natation; voici les mêmes fraisiers et
framboisiers où nous cueillions ensemble les fmitages que vous
aimiez tant; c'est ici, qu'assise sur ce petit rocher. un livre à la
main. tandis que nous chassions, votre frère et moi, vous atren-