Page 153 - La Généalogie retrouver ses ancêtres
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154 LES ANCIENS CANADIENS
je fais allusion pour la dernière fois. Si VOllS remarquez de
temps à autre quelque froideur dans mes rappons avec vous, ne
paraissez pas y faire attention: laissons faire le temps.
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Et il pressa cordialement la main de Locheill. Le lion était
;.. dompté.
t
Toute la famille, qui avait vu venir de loin M. d'Haberville
. accompagné d'un étranger, s'érait réunie dans le salon pour le
recevoit. A l'exception de Blanche, personne ne reconnut
Arché, qu'on n'avait pas vu depuis dix ans. La jeune fille
pâlit et se troubla d'abord à l'aspect de l'ami de son e.nfance,
qu'elle croyait ne jamais tevoir; mais Se remettant promptement
avec cette force d'âme qu'Ont les femmes pout cacher les
impressions les plus vives, elle fit, comme les deux autres dames,
la profonde révérence qu'elle aurait faite à un étranger. Quant
à mon oncle Raoul, il salua avec une politesse froide: il n'aimait
pas les Anglais, et jurait contre eux, depuis la conquête, avec sa
verve peu édifiante pour des oreilles pieuses.
- Je veux qu'un Iroquois me gtille, fit le capitaine en
s'adressant à Arché, si un seul d'entre eux vous reconnait.
Voyons; regardez bien ce gentilhomme: dix ans ne doivent pas
l'avoir effacé de votre mémoire; je l'ai, moi, reconnu tout de
suite. Parle, Blanche: tu dois, étant beaucoup plus jeune, avoir
de meilleurs yeux que les autres.
- Je crois, dit celle-ci bien bas, que c'est M. de LocheilL
- Eh oui! dit M. d'Haberville, c'est Arché, qui a vu Jules
dernièrement à Paris; et il nous apporte de lui des lettres qui
contiennent de bonnes nouvelles. Que faites-vous donc, Arché,
que vous n'embrassez pas vos anciens amisl
Toute la famille, qui ignorait jusqu'alors le changement du
capitaine en faveur d'Arché, dont elle n'avait jamais osé pronon·
cet le nom en sa présence, toute la famille qui n'attendait que
l'assentiment du chef pour faire à Arché l'accueille plus amical,