Page 155 - La Généalogie retrouver ses ancêtres
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                pas la gaieté la plus aimable de régner pendant tour le repas;
                car cette famille, après de longues privations, de longues sauf·
                frances, semblair ressaisir une vie nouvelle.  M. d'Haberville,
                s'il n'eût craint de blesser Arché, n'aurair pas manqué ,le faire
                un badinage sur l'absence du champagne, remplacé par la bière
  !             mousseuse d'épinette.
  ~                - Maintenant que nous sommes en famille, dir le capiraine
  l             à Arché en souriant, occupons·nous de l'avenir de mon fils.
                Quant à moi, vieux et usé, avant le remps, par les fatigues de la
                guerre, j'ai une bonne excuse pour ne pas servir le nouveau
                gouvernement: ce n'est pas à mon âge, d'ailleurs, que je tirerais
                l'épée contre la France, que j'ai servie pendant plus de uente
                ans.  Plut6t mourir cent fois! mais revenons à mon fils.  Sa
                santé l'oblige, peur-être pour longtemps, voire même pour tou·
                 jours, à se retirer du service.  Ses plus chers intérêts sont ici où
                il esr né.  Le Canada est sa patrie namrelle; et il ne peut avoir
                le même attachement pour celle de ses ancêtres.  Sa position,
                d'ailleurs, est bien diffétente de la mienne: ce qui serait lâcheté
   i            chez moi, sur le bord de la tombe, n'est qu'un acte de devoir
                pour lui qui commence à peine la vie.  Il a payé glorieusement
                sa dette à l'ancienne pauie de ses ancêtres.  Il se retire avec
                honneur d'un service que les médecins déclarent incompatible
                avec sa santé.  Qu'j] consacre donc maintenant ses talents, son
                énergie au service de ses compatriotes canadiens.  Le nouveau
                gouverneur est déjà bien disposé en notre faveur: il accueille
                avec bonté ceux de mes compatriotes qui ont des rapports avec
                lui; il a exprimé, en mainte occasion, combien il compatissait
                aux malheurs de braves officiers qu'il avait rencontrés face à
                face sur le champ de bataille, et que la formne, et non le
                courage, avait trahis: il a les mêmes égards, dans les réunions
                au château Saint-Louis, pour les Canadiens que pour ses compa·
                triotes, pour ceux d'entre nouS qui ont perdu leur fortune, que
                 pour ceux plus heureux qui peuvent encore s'y présenter avec
                un cenain luxe, ayant soin de placer chacun suivant le rang
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