Page 131 - La Généalogie retrouver ses ancêtres
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132                         LES mOliNS CANADIENS

                 les Français et les Canadiens, dont la perte fut aussi grande que
                 celle de l'ennemi. Ce fut, de la pan des vainqueurs, effusion
                 inutile de sang.  La Nouvelle-France, abandonnée de la mère
                 patrie, fut cédée ~ l'Angleterre par le nonchalant Louis XV,
                 trois ans après cette glorieuse bataille qui aurait pu sauver la
                 colonie.
                   De Locheill s'était vengé noblement des soupçons injurieux
                 à sa loyauté, que Son ennemi Montgomery avait essayé d'inspirer
                 aux officiers supérieurs de l'armée britannique.  Ses connais·
                 sances étendues, le temps qu'il consacrait à l'étude de sa nou-
                 velle profession, son aptitude à tOuS les exercices militaires, sa
                 vigilance aux postes qui lui étaient conliés, sa sobriété, lui valu-
                 rent d'abord l'estime générale; et son bouillant courage, tem-
                 péré néanmoins par la prudence dans l'attaque des lignes fran-
                 çaises à Montmorency, et sur le champ de bataille du 13 septem-
                 bre 1759, fut remarqué par le général Murray, qui le combla
                 publiquement de louanges.
                    Lors de la déroute de l'armée anglaise, à la seconde bataille
                 des plaines d'Abraham, Archibald de Locheill, après des pro·
                 diges de valeur à la tête de ses montagnards, fut le dernier à
                 céder un terrain qu'il avait disputé pouce à pouce; il se distingua
                 encore par son sang·froid et sa présence d'esprit en sauvant les
                 débris de sa compagnie dans la retraite; car, au lieu de suivre le
                 torrent des fuyards vers la ville de Québec, il remarqua que le
                 moulin de Dumont était évacué par les grenadiers français,
                 occupés à la poursuite de leurs ennemis dont ils faisaient un
                 grand carnage, et prolitant de cette circonstance pour dérober
                 sa marche à l'ennemi, il délila entre cette position et le bois
                 adjacent.  Ce fut alors qu'il crut entendre prononcer son nom;
                 et, se détournant, il vit sortir du bosquet un officier, le bras en
                 écharpe, la tête couverte d'un linge sanglant, l'uniforme en
                 lambeaux, qui, l'épée à la main, s'avançait en chancelant vers
                 lui.
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