Page 135 - La Généalogie retrouver ses ancêtres
P. 135
T
136 LES ANCIENS CANADIENS
- j'en suis fâché, dit l'Ecossais d'un air indiffétent: ça seta
un peu contrariant pour moi; mais n'en parlons plus.
L'officier ftançais garda le silence pendant quelques minutes,
et se dit, à part lui, que son interlocuteur, parlant la langue
française comme un Parisien, avait probablement lié connais-
sance avec quelques familles canadiennes enfermées dans les
murs de Québec; qu'il était peut-être chargé de quelque message
de parents ou d'amis de la supérieure, et qu'il serait cruel de
[Ofuser sa demande. Il reprit donc après un moment de
silence.
- Comme je suis persuadé que ni vous, ni madame la
supérieure n'avez dessein de faire sauter nos batteries, je ne crois
pas, après tout, manquer à mon devoir, en vous accordant
j'entretien secret que vous demandez.
De Locheill, qui comptait sur cette entrevue pour opérer une
réconciliation avec son ami, eut peine à réprimer un mouve-
ment de joie, er répondit cependant d'un ron d'indifférence:
- Merci, monsieur, de votre courtoisie envers moi et cette
bonne dame. Vos batteries, prorégées par la valeur française,
ajoura-t-il en souriant, sont en parfaite sûreté, lors même qu<:'
nous aurions de mauvais desseins.
Les passages de l'hospice qu'i) fallait franchir avant de péné-
trer dans le parloir de la supérieure, étaienr littéralement encom·
brés de blessés. Mais Arché, n'y voyant aucun de ses compa-
ttiotes, se hâta de passer outre. Après avoir sonné, il se pro-
mena de long en large, dans ce même parloir où la bonne
supérieure, tante de Jules, leur faisait jadis servir la collation,
dans les fréquentes visites qu'il faisait au couvent, avec son
ami, pendant son long séjout au collège des Jésuites, à Québec.
La supérieure l'accueillit avec une polltesse froide, et lni dit:
- Bien fâchée de vous avoir fait attendre; prenez, s'il vous
plaît, un siège, monsieur.
- Je crains, dit Arch~, 'lue madame la supérieute ne me
reconnaisse pas.