Page 130 - La Généalogie retrouver ses ancêtres
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LES ANCIENS CANADIENS 131
Les grenadiers françai" nUs un instant en désordre, se refor-
mèrent de nouveau à une petite distance sous le feu de l'artille-
rie et d'une grêle de balles qui les criblaient; et, abordant pour
la troisième fois le moulin de Dumont à la baïonnette, ils s'en
emparèrent après une lutte sanglante, et s'y maintinrent.
On aurait cru, pendant cette troisième cbarge, que tous les
sentiments qui font aimer la vie étaient éteints dans l'âme du
jeune d'Haberville, qui, le cœur ulcéré par l'amitié trahie, par
la ruine totale de sa famille, paraissait implorer la mort comme
un bienfait. Aussi dès que l'ordre avait été donné de marcber
en avant pour la troisième fois, bondissant comme un tigre, et
poussant le cri de guerre de sa famille: • A moi grenadiers! »
il s'était précipité seul sur les Anglais, qu'il avait attaqués com·
me un insensé. L'œuvre de carnage avait recommencé avec
une nouvelle fureur, et, lorsque les Français étaient resrés
maîtres de la position, ils avaient retiré Jules d'un monceau de
morts er de blessés. Comme il donnait signe de vie, deux
grenadiers le portèrent sur les bords d'un petit ruisseau près du
moulin, où un peu d'eau fraîche lui fit reprendre connaissance.
C'érait plurôr la perte du sang qui avait causé la syncope, que la
grièveré de la blessure: un coup de sabre, qui avait fendu son
casque, avait coupé la cbair sans fracturer l'os de la tête. Un
soldat arrêra l'effusion du sang, et dit à Jules, qui voulait
retourner au combat:
- Pas pour le petit quart d'heure, notre officier: vous en
avez votre suffisance pour le moment; le soleil chauffe en diable
sur la butte, ce qui est dangereux pour les blessures de tête.
Nous allons vous porter à l'ombre de ce bois, où vous trouverez
des lurons qui ont aussi quelques égratignures. D'Haberville,
trop faible pour opposer aucune résistance, se trouva bien vite
au milieu de nombreux blessés, qui avaient eu assez de force
pour se traîner jusqu'au bocage de sapins.
Tout le monde connaît l'issue de la seconde bataille des
plaines d'Abraham; la victoire fut acbetée bien chèrement par