Page 126 - La Généalogie retrouver ses ancêtres
P. 126

LES ANCIENS CANADIENS                                 127


         Locheill, qui n'avait rien compris à leur conversation, crut qu'il
         touchait au dernier moment de son existence, et recommanda
         son âme à Dieu, quand, à sa grande surptise, le sauvage coupa         \
         ses liens, lui secoua fortement les mains avec de vives démons-
         trations de joie, et le poussa dans les bras de son ami.
            Dumais pressa en sanglotant, Atché contte sa poitrine, puis
         s'écria en s'agenouillant:
           - Je vous ai prié, ô mon Dieu! d'étendre votre main pro·
         tectrice sur ce noble et généteux jeune homme; ma femme et
         mes enfantS n'ont cessé de faire les mêmes ptières: merci, merci,
         mon Dieu! merci de m'avoir accordé beaucoup plus que je
         n'avais demandé!   Je vous rends grâces, ô mon Dieu! car
         j'aurais commis un crime pour lui sauve·r la vie, et j'aurais
         traîné une vie rongée de remords, jusqu'à ce que la tombe eût
         recouvert un meurtrier.

              [Ils re sauvent rapidement car avec les Indiens. on ne
              sail jamais...].

            Les derniètes paroles de Locheill furent:
           -  Vous êtes quitte envers moi, mon ami, VOliS m'avez: rendu
         vie pour vie; mais moi je ne le serai jamais envers vous. ny
         a, Dumais, une solidarité bien remarquable dans nos deux exis-
         tences.  Parti de la Pointe.Lévis, il y a deux ans, j'arrive sur les
         bords de la Rivière-du-Sud pour vous retirer de l'abîme: que!.
         ques minutes plus tard vous étiez perdu sans ressource.  Je
         suis, moi, fait prisonnier, hier, par les sauvages, après une
         longue traversée de l'Océan; et vous, mon cher Dumais, vous
         vous trouvez à point sur un îlot du lac Trois-Saumons pour me
         sauver l'honneur et la vie: la providence de Dieu s'est certaine-
         ment manifestée d'une manière visible.  Adieu, mon cher ami;
         quelque aventureuse que soit la carrière du soldat, j'ai l'espoir
         que nous reposerons la tête sous le même renre, et que va.'
   121   122   123   124   125   126   127   128   129   130   131