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II faut cependant faire preuve de retenue dans l'interprétation d'un
                            tel constat,  parce que,  au début du xiXe siècle,  les populations amérin-
                            diennes qui vivent  sur  les rives du Saint-Laurent sont décimées depuis
                            longtempslg el, pour l'administration coloniale, la  situation économique
                            et la peur d'une invasion sont trés pr8occupantes.

                                  Les cartes de synthese gardent un autre genre de silence qui me-
                            rite d'être examiné: la mention des grandes propriétés. On a vu que, sur
                            toutes les cartes de synth&se20, on délimite les seigneuries, en indiquant
                            les titres originaux,  les premiers propriétaires et ceux qui le sont au mo-
                            ment de faire la carte. Par contre, en ce qui concerne les cantons, le texte
                            ne mentionne que les lettres patentes délivrées pour leur érection, ainsi
                            que le nom du chef de canton, le cas échéant, sans faire état des grandes
                            propriétés  fonciéres2'.  dont l'existence et l'étendue  sont pourtant con-
                            nuesî2. Étant donne la superficie qu'occupait chacune de ces propriétés
                            (souvent plusieurs milliers d'acres}, il aurait été relativement simple pour
                            les gens du Bureau de l'arpenteur géneral (qui disposaient de ces don-
                            nees) de les tracer sur les cartes, d'autant plus que certains de ces docu-
                            ments devaient aider le Comité des terres à attribuer de nouveaux lots.

                                  Comme  le  montrent  les  diverses  tentatives  pour  neutraliser  le
                            monopole foncier23, le problème est majeur, mais aucune carte n'en laisse
                            supposer  l'existence.  Sur  ses  cartes.  Bouchette trace  les divisions  de
                            lots, indiquant merne quelques         Alors, pourquoi ce silence ?

                                  Plusieurs hypotheses sont plausibles. D'abord, on peut prétendre
                            que l'on ne disposait pas de données suffisamment précises sur le sujet
                            pour en entreprendre ta  représentation. C'es1 peut-être le cas de Gale et
                            Duberger, mais pas celui de leurs successeurs qui possédaient tous les
                            renseignements nécessaires. L'échelle de la carte ne paraît pas non plus
                            être une raison valable, puisque. pour les cartes de Ouberger (1 796) et de
                            Vondenvelden et Charland (18031, les auteurs ont egalement produit un
                            ouvrage de reférence qui accompagne leur document








                                  19  Denys DEILAGE (19851.
                                  20  Ou dans  les ouvrages  et  textes  de  réference  produits pour  accompagner  ces
                                    cartes
                                  21  A  I'exc~ption des tables statistiques  Joseph BOIJCHETTE (1831)
                                  22  Plusieurs rapports du Comité des terres de la  Couronne et de I'arpenieur general
                                    font menlron de ces propriél6s. el ce. dès la fin du ~ 1 1 1 " sibcle
                                  23.  Vo~r le texte sur  le Bureau des terres de la Couronne au chapitre 4
                                  24.  Claude BOUDREAU (1 986). p. 55-56
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