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1 7959, le gouverneur a regulierement sous les yeux une copie de la carte
                           en cours de réalisation. ce  qui lui permet de constater  l'évolution des
                           travaux, d'en vérifier les renseignements et d'intervenir au besoin. Une
                           lettre envoyée par Coffin (secrdtaire civil)10 à  Holland, le 24 juin  1 793",
                           signale  que  le gouverneur  a  noté  sur  la  carte  quelques  erreurs  et
                           aberrations1?, ainsi que l'absence des lignes de vkrification (check Irnesl
                           qui devaient être tirées par McCarthy et Vondenvelden. Ces remarques
                           produisent l'effet escompté, puisque des corrections seront apportees 3
                           la  carte et que la version finale comprendra les lignes de vérification. II
                           faut mentionner que, même si le lieutenant-gouverneur en poste (sir Alured
                           Clarke13) a des conseillers qui l'aident A vérifier ces documents, il est lui-
                           mème colonel dans l'armée britannique. A ce titre, il a étudie l'art de la
                           cartographie au  collège militaire et sa  carriére lui a,  de toute kvidence,
                           permis d'acquérir une bonne connaissance de la cartographie.

                                 Cet exemple montre bien, encore une fois,  que  l'État intervient
                           directement dans le contenu des cartes. II n'est donc pas étonnant que le
                           discours cartographique ainsi produit corresponde A ses intérbts.


                           LES DISCOURS DE LA CARTE


                                 Si nous sommes parvenu a  définir les canes selon leur fonction,
                           c'est que l'on reconnaît qu'elles ont un but, une finalite. La cartographie
                           du territoire répond à des objectifs ggnéralement bien determines. Toute-
                           fois, on a constaté qu'elle pouvait aussi véhiculer des messages relevant
                           d'une intention non avouée, mais néanmoins évidente.

                                 Pour montrer comment cette intention ou ce rBle plus ou moins
                           occulté  s'exprime  dans la  représentation cartographique, nous avons
                           retenu trois exemples de nature très différente. Le premier a  trait aux
                           silences de la carte, c'est-&dire aux éléments que l'on klimine ou dont on
                           réduir l'importance relative dans le contenu cartographique. Le second
                           porte, A  l'inverse, sur le renforcement d'un point de vue ou d'une reven-
                           dication, par l'exagération dans le dessin cartographique. Enfin, on verra


                                  9. Rapports des activités du Bureau de l'arpenteur genbral, da 1792 A 1795  ANQ-Q.
                                    E  211356 Ministére des Terres et Forêis, chemises  1792 A  1795. C'est à partir de
                                    1'info:ination  contenue dans ces rapports que nous en sommes arrive A la conclu-
                                    sicri qu'il y avait deux cartes originales proriuiies en 1795
                                 10  Marcel CAYA (1983)
                                 11.  Lettre de Coflin A  Holland. 24 luin 1793 ANQQ,  E 211356, Ministkre des Terres er
                                    Forets, chemise 1793
                                 12  Notamment des cantons qui s'onlrecroisent
                                                (1
                                 13  Peter BURROUGHS 987)
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